À Moscou, dimanche 8 décembre après-midi, le drapeau utilisé sous le régime de Bachar Al-Assad a été retiré du bâtiment de l’ambassade de Syrie en Russie ; lundi matin, celui de l’opposition syrienne était déjà hissé.
Entre-temps, les agences de presse russes ont confirmé ce que la rumeur affirmait depuis sa chute, dans la nuit de samedi à dimanche. Le dirigeant syrien et sa famille se trouvent à Moscou et ils ont obtenu l’asile politique auprès des autorités russes.
Ainsi le Kremlin doit-il se rendre à l’évidence : avec la soudaine chute de son allié de longue date, il est mis devant le fait accompli. Mais, fidèle à son principe de ne pas abandonner les siens, il a offert refuge au dictateur déchu. « Assad et les membres de sa famille sont arrivés à Moscou. La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile », a indiqué une source du Kremlin citée par les agences Tass et Ria Novosti.
Bachar Al-Assad, qui s’était déjà rendu à Moscou au moment de la prise d’Alep, le 30 novembre, n’est cependant pas apparu en public. Le président Vladimir Poutine, lui, ne s’est pas exprimé personnellement. Le Kremlin comme la diplomatie russe ont fait le service minimum.
« Assad a décidé de démissionner de son poste présidentiel et il a quitté le pays en donnant l’instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique », a déclaré, dimanche, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères. Sans plus de détails. Elle a seulement précisé que la décision de ce départ avait été prise « à la suite de négociations entre Bachar Al-Assad et un certain nombre de participants au conflit armé sur le territoire de la Syrie ». Traduction implicite : une décision prise avec, voire par Moscou.
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Syrie : Moscou dans l’incapacité de prêter main-forte au régime d’Al-Assad
Le représentant adjoint de la Russie auprès de l’Organisation des nations unies (ONU), Dmitry Polyanskiy, a annoncé, dimanche, que Moscou demande pour lundi après-midi une réunion d’urgence à huis clos du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie. Il a prévenu que « la profondeur et les conséquences pour ce pays et l’ensemble de la région [des récents événements] n’ont pas encore été mesurées ». La diplomatie russe, habituée à défendre coûte que coûte son allié, peine en fait à cacher l’ampleur de ce revers.
Baisse des capacités militaires russes en Syrie
La veille encore, en marge d’une rencontre à Doha avec ses homologues de Turquie et d’Iran, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, jugeait « inadmissible de permettre à un groupe terroriste de prendre le contrôle de territoires en violation des accords existants, à commencer par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU qui réaffirme fermement la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de la République arabe syrienne ». Une référence à une résolution adoptée par l’ONU en 2015 pour un règlement politique en Syrie. Cette même année, c’est le crucial appui militaire de l’armée russe qui, face aux forces islamistes, avait permis à Damas de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays.
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