Kamel Daoud : l’histoire de la plaignante algérienne qui ressemble à celui de son héroïne était «publique»

Kamel Daoud : l’histoire de la plaignante algérienne qui ressemble à celui de son héroïne était «publique»

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Plaidoirie

Dans une interview accordée à «France Inter», ce mercredi 11 décembre, le romancier franco-algérien a expliqué que la femme qui l’accusait d’avoir retranscrit son histoire personnelle dans son livre sans son accord était selon lui «manipulée par le régime».

Kamel Daoud en position de défense. Ce mercredi, au micro de France Inter, l’écrivain franco-algérien a affirmé que le récit de l’Algérienne qui a porté plainte contre lui pour avoir utilisé des éléments de sa vie privée dans son livre Houris était connu de tous et «public». Début novembre, son livre qui raconte l’histoire d’une victime de la guerre civile algérienne qui a opposé, entre 1992 et 2002, le gouvernement et les rebelles islamistes, a été récompensé du prix Goncourt 2024.

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La plaignante, Saâda Arbane, 31 ans, est apparue sur la chaîne algérienne One TV mi-novembre pour affirmer que l’héroïne de Houris était calquée sur elle, rescapée en 1999 d’une tentative d’égorgement perpétrée par des jihadistes. Elle avait ajouté que Kamel Daoud connaissait sa vie personnelle parce que sa femme psychiatre l’avait eue comme patiente. «J’allais chez elle en consultation», et «tout le monde sait que je ne veux pas parler de cette histoire. C’est quelque chose qui me perturbe dans ma vie», expliquait-elle.

Se justifiant sur la radio publique française, l’auteur visé par cette accusation a expliqué que «cette jeune femme, dont la mère adoptive est l’ex-ministre de la Santé algérienne, a raconté son histoire partout» et que «tout le monde connaît [ce témoignage] en Algérie, et surtout à Oran.»

«On baisse les yeux devant les vrais criminels qui ont tué»

L’écrivain a poursuivi : «Le fait qu’elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé, je n’y peux rien». «Mon roman n’a rien à voir avec cette femme-là. […] Il n’y a aucun secret médical dans ce livre», a-t-il conclu.

Interrogé pour savoir si la plaignante était «manipulée par le régime», Kamel Daoud a répondu : «Ah mais totalement». «Je savais que ça allait venir. Je savais que je ne pouvais pas échapper à ça». Dès «les premières semaines» de la parution de son livre, en août, «il y avait des éditos dans les journaux gouvernementaux, qui parlaient de complot, de cheval de Troie». Kamel Daoud est aussi visé par une autre plainte d’associations de victimes du terrorisme. «C’est la même méthode», a-t-il commenté.

Malgré cette attente, Kamel Daoud a exprimé ne pas pouvoir s’empêcher de s’étonner qu’«on ait fait d’un écrivain un criminel et qu’on baisse les yeux devant les vrais criminels qui ont tués». En tête des ventes en France, Houris ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d’une loi interdisant tout ouvrage sur la décennie noire entre 1992 et 2002, qui a fait au moins 200 000 morts, selon des chiffres officiels.

Libération

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