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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Grégory S., rejette toute responsabilité et évoque «un rire nerveux» pour justifier son sourire sur la vidéo des faits.
Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, dont la quasi totalité étaient poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict prévu d’ici au 20 décembre.
Nom : Grégory S.
Age : 31 ans
Profession : Peintre en bâtiment.
Faits : Une venue, la nuit du 9 au 10 juin 2017.
Statut : Libre, sous contrôle judiciaire, après six mois de détention provisoire. Condamné sept fois (stupéfiants, délits routiers).
Peine requise : Treize ans.
Grégory S., peintre en bâtiment, a dit à la psychologue qui l’a expertisé être «tombé de vingt étages» quand les gendarmes sont venus l’interpeller, cinq ans après les faits, le 19 mai 2022. «On me reproche un viol, mais moi je n’étais pas au courant qu’elle était droguée, je voulais découvrir de nouvelles expériences, lui a-t-il expliqué. Dominique Pelicot m’a dit ce qu’il fallait faire. Je n’avais pas son ressenti à elle, c’était bizarre, je lui ai dit. Après, je suis parti, je n’avais pas l’intention de commettre l’irréparable.» L’experte a relevé chez Grégory S. «une certaine immaturité psycho-affective», soulignant notamment que son père avait passé plusieurs années en prison alors qu’il était enfant et qu’il ne connaissait pas les raisons de cette incarcération. Il s’inscrit sur Coco en 2016, «de base, pour les stupéfiants». Un an après les faits, il rencontre une femme avec qui il est aujourd’hui toujours en couple et avec laquelle il a eu une petite fille.
Devant la cour criminelle du Vaucluse, Grégory S. affirme «reconnaître la matérialité des faits, mais pas l’intention» de violer. Pour lui, ce soir-là, «il s’agissait d’une relation libertine». «J’ai demandé à [Dominique Pelicot] ce qu’elle aimait, il m’a répondu qu’elle aimait bien faire l’amour une fois qu’elle était alcoolisée», assure-t-il. Sur l’une des deux vidéos projetées à l’audience, Grégory S. affiche un sourire franc alors qu’il se masturbe et effectue des pénétrations digitales sur la victime, dont on entend les ronflements. Devant les magistrats, il parle «d’un rire nerveux». «Vous reconnaissez une responsabilité quelconque dans ce qui est arrivé à madame Pelicot ? Ou vous vous estimez uniquement comme l’instrument trompé ?» l’interroge Me Antoine Camus. «Oui, je suis un instrument trompé : pour moi, il n’y avait pas viol.»
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