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Résistance
Parastoo Ahmadi a diffusé un concert mercredi 11 décembre dans lequel elle apparaît sans hijab, ce qui est interdit par la République islamique. Les autorités ont annoncé l’ouverture de poursuites.
Elle est debout, sur une petite scène, avec quatre musiciens à ses côtés. Habillée d’une longue robe noire, Parastoo Ahmadi a les épaules dénudées et les cheveux au vent. Mercredi 11 décembre dans la soirée, la chanteuse iranienne a dévoilé une vidéo d’une petite demi-heure. On la voit faire un concert. Sans hijab donc pour couvrir ses cheveux. Un affront ouvert aux lois rétrogrades de la République islamique qui imposent aux femmes de se couvrir les cheveux et de ne pas chanter seules en public depuis la révolution de 1979.
Sans surprise, la vidéo, qui a été vue plus de 300 000 fois en 24 heures, a fait réagir le pouvoir. Sans la nommer, l’agence de presse de la justice iranienne dénonce le fait qu’un «groupe dirigé par une chanteuse» ait produit «de la musique sans respecter les règles légales et religieuses». Les autorités sont «intervenues et ont pris les mesures appropriées, ouvrant des poursuites contre la chanteuse et la production», précise l’agence Mizan.
Parastoo Ahmadi était déjà défavorablement connue des autorités pour avoir posté des musiques sur Instagram en soutien aux manifestations qui ont éclaté dans le pays après la mort en détention de Mahsa Amini pour une infraction au code vestimentaire. Ce concert semble cependant être le premier filmé à l’extérieur. «Je suis Parastoo, la fille qui ne peut garder le silence et refuse d’arrêter de chanter pour le pays qu’elle aime, écrit-elle dans un petit texte accompagnant la vidéo. Ecoutez ma voix dans ce concert imaginaire et rêvez d’une Nation libre et belle.»
«Sa voix est une arme contre la tyrannie»
Après avoir publié cette vidéo, Parastoo Ahmadi s’est une nouvelle fois attiré le soutien de nombreuses personnes opposées au régime. La dissidente en exil Masih Alinejad a salué un concert «historique», proclamant sur un réseau social depuis les Etats-Unis que «sa voix est une arme contre la tyrannie, son courage une ode à la défiance». Karim Sadjadpour, expert du think tank Carnegie Endowment, a pour sa part salué un «acte de courage extraordinaire» qui creuse «une nouvelle faille dans les fondations de la théocratie en décomposition de l’Iran».
«Les Iraniennes continuent de nous bluffer par leur courage», note de son côté Farid Vahid, de la fondation Jean-Jaurès à Paris, évoquant un «magnifique acte de résistance».
La diffusion du concert intervient alors qu’une nouvelle loi pourrait entrer en vigueur vendredi, durcissant encore les peines réservées à celles qui ne respectent pas le strict code vestimentaire imposé aux Iraniennes. L’organisation Amnesty International a affirmé dans un rapport que les femmes pourraient encourir la peine de mort si elles enfreignaient le texte sur «la promotion de la culture de la chasteté et du hidjab». «Cette loi honteuse intensifie la persécution des femmes et des filles qui osent se battre pour leurs droits», a estimé Diana Eltahawy, directrice adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord pour Amnesty.
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