La découverte : Candeur Cyclone, dans le vent
Ne pas se fier à la pochette, assemblage de photomatons à dominante rieuse et en contraste avec l’humeur de ce formidable premier disque encerclé aussi bien par la colère que les tourments existentiels. Ce feu intérieur d’une intensité rare, propice à celui consumant les âmes sensibles, habite Mina et Marius. Un duo franco-belge de vingt-trois ans – lui possède un passeport français mais a toujours vécu à Bruxelles – réuni par une amitié née au lycée, confirmée ensuite musicalement par une série de vidéos postées avec succès sur TikTok, comme autant de cris de rage (ou de désespoir ?) d’une génération désenchantée.
C’est à travers cette dissonance entre exhibition d’une force destructrice et douceur résiliente, entre vestiges de l’adolescence et passage à l’âge adulte, que Candeur Cyclone organise son approche à double fond, intime et collective. Vierge de toute formation musicale, ces deux-là déploient leur plan espiègle de réforme de la pop song. Virevoltant de la gouaille grinçante du rap à la nervosité punk-rock, d’une intro à l’ukulélé à l’énergie techno, Candeur Cyclone entre dans le champ sonore sans boussole, dosages ou calculs. Comme une troublante partouze dont les participants seraient Fauve, Cocorosie, les Rita Mitsouko et Kompromat. Sous le patronnage de leur producteur Dani Terreur, présent sur scène, leur premier album s’avère débridé, déraisonnable, sauvage et constamment jouissif. «J’me sens toujours à la traîne/ Jamais à la page », constate Candeur Cyclone dans le morceau mutant Couleur pastel. Paroles qu’on conteste catégoriquement.
Candeur Cyclone Teenage dirtbag (Candeur cyclone /Sony Music)
La playlist
Saint Etienne Half Light
Retour surprise pour le trio électronique londonien avec, en prélude à son douzième album, un premier titre vaporeux et crépusculaire, à la limite de l’ambient. Zen et triste à la fois.
Twinkle Right Time
De la techno dub par les frères Oresta, fondateurs d’High Tone, pilier de cette scène en France. Plus cogneur et moins hypnotique que celui de Rhythm & Sound, mais sacrément efficace quand même. Addictif.
Tunde Adebimpe Magnetic
Une grande voix des années 2000 revient. Aussi dessinateur et acteur, l’ancien chanteur des TV on the Radio annonce, avec ce titre, un album en forme de brillant retour aux sources «art-punk».
Skotch IMPALA
On suit ce rappeur du Val-d’Oise dont le flow harmonieux échappe à l’air d’un temps où les micros sont souvent empêtrés dans le brouillard. Une jolie ride sur fond d’une production mélancolique mais barrée. Classe.
Antoine Assayas La Fièvre
La température monte au fur et à mesure de cette chanson pop impeccable au groove entre soul et Afrique. Au point que la cool nonchalance du chanteur nous entraîne pas très loin du dancefloor. Toujours agréable.
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