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Chronique «Points de vie»
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Il ne suffit pas de libérer les peuples de l’oppression pour qu’une communauté soit heureuse. Il faut comprendre ce qui la réjouit. S’interroger sur le vivre-ensemble sans cesser de condamner toute forme de domination.
Je me souviens précisément du lieu et de l’heure. A l’aube de mes 18 ans, comme beaucoup d’adolescents, je ne supportais plus de vivre avec mes parents : leurs idées ne m’intéressaient pas, je ne supportais pas leurs passions, leur emploi du temps quotidien me paraissait un véritable régime carcéral. Je devais arracher à cette forme de vie que je considérais comme barbare et injuste des îlots de bien-être rares et aléatoires, dispersés tout au long de la semaine sans qu’il soit possible de prévoir quand et comment je pourrais passer de l’un à l’autre. C’est pourquoi, pendant des années, j’ai rêvé de quitter la maison, de vivre ma vie sans devoir obéir à des règles et à des habitudes imposées par d’autres. L’inscription à l’université et la nécessité du déménagement me semblaient donc coïncider avec l’avènement de la Grande Libération : quotidien et bonheur deviendraient enfin synonymes.
Pourtant, les premiers jours, la nouvelle ville et la nouvelle vie m’ont offert une découverte amère, même si précieuse. Le bonheur dont j’avais rêvé n’était pas encore à portée de main, car si je savais ce qui me faisait mal (j’avais pu m’en débarrasser), je n’avais pas encore compris ce qui me faisait du bien, ce qui me rendait heureux : je n’avais pas la liste complète de ce que j’aime, et je ne savais pas comment articuler toutes ces sources de bonheur dans la vie de tous les jours.
Un plaisir commun et partagé
Je me souviens qu’un matin, à peine réveillé dans mon lit, une idée m’a surpris : toute émancipation est néce
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