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Le portrait
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Depuis la mort de son jumeau pendant la révolte étudiante de cet été, ce jeune Bangladais perpétue son combat aux côtés de Muhammad Yunus.
Il n’y va pas par quatre chemins. Quand on lui demande comment il se sent, Mir Snigdho tranche net : «Pas très bien, physiquement et mentalement, je vis sous une pression terrible depuis la mort de mon frère.» Il n’a donc pas fallu cinq secondes pour que l’ombre de son jumeau entre dans la pièce de ce sous-sol du Xe arrondissement parisien. Il restera avec nous jusqu’à la fin de la rencontre, ce frère abattu par le régime honni, et dont Mir Snigdho ne cesse de combler l’absence en continuant son action.
Ce Bangladais de 26 ans, de son nom complet Mir Mahbubur Rahman, tout juste licencié en droit, porte un double drame sur ses épaules carrées et son corps élancé : l’un familial, l’autre national. Les deux tragédies se mêlent intimement. Cette révolte commence pacifiquement, en juin. Des milliers d’étudiants manifestent à Dacca, la capitale, contre le rétablissement par la Cour suprême de quotas dans la fonction publique, en faveur des familles des anciens combattants de la guerre d’indépendance du pays, en 1971. 30 % des places devaient leur être réservées, une «discrimination» pour ces jeunes, qui bénéficierait en plus aux membres du parti en place, la ligue Awami. En juillet, le soulèvement devient national, bloque les universités, la circulation des trains et de grands axes routiers. La Première ministre, Sheikh Hasina, qui tient le pouvoir d’une main de fer depuis quinze ans, lance une répression féroce : d’abord via le syndicat des jeunes de son parti, puis
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