Peine de mort
A l’approche de l’investiture de Donald Trump, le président démocrate guidé par sa «conscience et son expérience», souhaite cesser le recours à la peine de mort au niveau fédéral. Sur les 40 condamnés, trois ne bénéficieront pas de cette mesure présidentielle révisant la peine à de l’emprisonnement à vie.
Un mandat qui s’achève et d’ultimes mesures à prendre. C’est ainsi qu’après avoir suspendu les exécutions de condamnés à mort au niveau fédéral, le président Biden a commué en peine de prison à vie, sans possibilité de libération, la condamnation de 37 d’entre eux. Interpellé par des organisations de défense des droits humains, le démocrate a pris cette décision moins d’un mois avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, partisan de la peine capitale. Les individus concernés avaient tous été condamnés par la justice fédérale américaine, distincte de la justice propre aux Etats.
Début décembre, plus de 130 organisations, dont le puissant groupe de défense des droits civiques ACLU ou Amnesty International Etats-Unis, avaient rappelé à Joe Biden son engagement de campagne de 2020 contre la peine de mort et salué le moratoire sur les exécutions au niveau de la justice fédérale décrété en mai 2021 par son gouvernement. Les organisations avaient dit craindre une «vague d’exécutions» après la prise de fonction de son successeur Donald Trump.
«Ne vous trompez pas : je condamne ces meurtriers»
«Je commue les peines de 37 des 40 individus présents dans le couloir de la mort de la justice fédérale à des peines d’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle», a annoncé Joe Biden dans un communiqué. Le président américain a indiqué que les commutations prononcées lundi étaient «cohérentes avec le moratoire que [son] gouvernement impose aux exécutions fédérales dans les affaires autres que le terrorisme et les meurtres de masse motivés par la haine».
Parmi les condamnés échappant à la peine capitale grâce à la mesure du président démocrate, neuf l’ont été pour avoir tué d’autres prisonniers. Quatre autres ont commis des meurtres lors de braquages de banque et un autre a tué un surveillant pénitentiaire. «Ne vous trompez pas : je condamne ces meurtriers, je pleure les victimes de leurs actes ignobles, et j’ai de la douleur pour toutes les familles qui souffrent d’inimaginables et irréparables pertes», a écrit Joe Biden. «Mais, guidé par ma conscience et mon expérience […] je suis plus convaincu que jamais que nous devons cesser de recourir à la peine de mort au niveau fédéral», a-t-il ajouté.
Trois condamnés ne bénéficient pas de cette mesure présidentielle : il s’agit de Djokhar Tsarnaev, un des poseurs de bombes de l’attentat contre le marathon de Boston le 15 avril 2013, et Dylann Roof, un suprémaciste blanc ayant tué neuf Afro-Américains dans une église de Charleston en 2015. Robert Bowers, auteur d’une attaque armée dans une synagogue de Pittsburgh en 2018 qui a tué 11 personnes juives, restera également dans le couloir de la mort.
«L’exécution ne m’aurait apporté aucune paix»
Selon l’agence AP, les spéculations sur la possibilité que Biden commue les peines de mort fédérales se sont intensifiées la semaine dernière après que la Maison Blanche a annoncé son intention de se rendre en Italie lors du dernier voyage à l’étranger de sa présidence le mois prochain. Biden, un catholique pratiquant, y rencontrera le pape François, qui a récemment appelé à prier pour les condamnés à mort américains dans l’espoir que leurs peines soient commuées.
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Martin Luther King III (fils de Martin Luther King), qui a publiquement exhorté Biden à modifier les condamnations à mort, a déclaré dans un communiqué relayé par la Maison Blanche que le démocrate «a fait ce qu’aucun président avant lui n’était prêt à faire : prendre des mesures significatives et durables non seulement pour reconnaître les racines racistes de la peine de mort, mais aussi pour remédier à son injustice persistante». Donnie Oliverio, un policier à la retraite de l’Ohio dont le partenaire a été tué par l’un des hommes dont la condamnation à mort a été convertie, a déclaré que l’exécution de «la personne qui a tué mon partenaire de police et meilleur ami ne m’aurait apporté aucune paix». «Le président a fait ce qui est juste, ici», a déclaré Oliverio dans un communiqué également publié par la Maison Blanche, «et ce qui est cohérent avec la foi que lui et moi partageons.».
2 300 condamnés à mort aux Etats-Unis
Les exécutions fédérales sont rares, l’immense majorité étant réalisée par les Etats, avec un total de 2 300 prisonniers vivant dans le couloir de la mort. Les dernières exécutions fédérales remontent à la présidence Trump finissante. Après 17 ans d’interruption, 13 condamnés avaient été mis à mort entre le 14 juillet 2020 et le 16 janvier 2021, soit le plus grand nombre sous le mandat d’un président américain en quelque 120 années. La dernière exécution avait eu lieu quatre jours seulement avant l’investiture de son successeur démocrate Joe Biden.
Donald Trump a fait part à plusieurs reprises de sa volonté d’étendre le recours à la peine capitale, afin qu’elle s’applique aux immigrés ayant tué des citoyens américains ainsi qu’aux trafiquants de drogue et individus pratiquant la traite d’êtres humains. Mais cette dernière a été abolie dans 23 des 50 Etats du pays. Des moratoires sont par ailleurs en vigueur dans six autres Etats, à savoir l’Arizona, la Californie, l’Ohio, l’Oregon, la Pennsylvanie et le Tennessee. En 2024, vingt-cinq exécutions ont eu lieu aux Etats-Unis, toutes au niveau de la justice des Etats.
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