«On ne veut pas voir l’inceste» : au tribunal de Lyon, un couple condamné pour «soustraction d’enfant»

Leurs mains se frôlent puis s’agrippent. Un geste caché derrière le pupitre, comme si se soutenir mutuellement pouvait leur coûter cher. A la barre du tribunal judiciaire de Lyon, le 9 décembre, Laura et Christian, mère et beau-père de Lola (1), sont jugés pour «soustraction d’enfant», un délit puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Fin 2020, le couple a pris la fuite avec la petite fille en direction de l’Espagne. A la question de la présidente, – «Reconnaissez-vous les faits ?» –, réponse en deux temps. «Oui», assume le couple. «Pour protéger ma fille», précise la mère. «Si nous on ne la croyait pas, qui l’aurait fait ?» ajoute le beau-père.

En 2019, Lola a 8 ans et déjà des idées suicidaires. A sa mère, elle assure qu’elle veut «mourir». A sa grand-mère, que son père la «touche» et lui fait «très mal». L’enfant s’épanche davantage lors d’un suivi pédopsychiatrique. Des scènes pornographiques se glissent dans ses rêves, livre-t-elle, demandant à être éloignée de son géniteur qui en partage la garde depuis la séparation du couple en 2014. Une information préoccupante du médecin arrive au procureur de Lyon en mai : Lola «est exposée à un environnement inadapté à son âge et dont elle n’est pas protégée».

«Les larmes de crocodile, je connais»

Laura porte plainte pour «agression sexuelle» paternelle quelques jours plus tard. Comme dans plus de 73 % des affaires de violences sexuelles sur mineurs, la plainte est classée sans suit

Libération