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La coupe est pleine. Sous le feu de critiques répétées, y compris gouvernementales, les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont décidé, ce vendredi 17 janvier et à l’appel d’une large intersyndicale, de ne plus mettre le nez dehors. Le mot d’ordre signé par la CGT, FO, la FSU, le SNE, l’Unsa et la CGC appelle les agents à «ne plus réaliser aucune mission de police», «ne plus effectuer aucune mission, quelle qu’elle soit, vers le monde agricole», ou encore à «stopper toutes les missions d’appui technique vers les services de l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales». De source interne à l’OFB, le mouvement correspond à «une mise en retrait totale» des agents.
Etat des lieux
Des agents qui ont peu goûté les derniers mots de François Bayrou, qui a qualifié mardi dans son discours de politique générale de «faute» les contrôles des inspecteurs de l’environnement. «Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter les fossés ou les points d’eau avec une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c’est une humiliation, donc une faute», avait dit le Premier ministre.
«L’OFB et ses personnels sont cloués au pilori par des gouvernements qui sont incapables de répondre à la crise que vivent nombre d’agriculteurs. On ne compte plus les locaux saccagés, les insultes parfois nominatives, les menaces au moyen de tracteurs et même la mise en danger d’un agent par sabotage de son véhicule», dénonce l’intersyndicale dans un communiqué. Laquelle annonce maintenir son mot d’ordre de mise en retrait «jusqu’à ce que le Premier ministre fasse des excuses publiques, reconnaisse la nécessité des missions de l’OFB et soutienne les actions de police de l’environnement».
«Nous en avons assez de ce qui se passe depuis plus d’un an et demi»
La colère est partagée à tous les échelons de l’OFB, qui compte plus de 3 000 agents, dont 1 700 inspecteurs de l’environnement sur le terrain. Ce vendredi matin, la présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a dit dans un entretien à l’AFP sa «colère». «Nous en avons assez de ce qui se passe depuis plus d’un an et demi à l’encontre de l’OFB et des agents, développe celle qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. Lorsque les agents de l’OFB vont au contact des agriculteurs, c’est pour exercer des missions de contrôle et assurer la qualité des sols, de l’air, de l’eau… Aujourd’hui l’établissement et les agents sont pris à partie parce qu’ils exercent ces missions. Lorsque le Premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute.»
La présidente du conseil d’administration de l’OFB liste aussi les attaques, concrètes, subies par ses personnels. «En 2023, nos agents ont subi l’incendie du siège de Brest ; depuis 2024 et la crise agricole c’est plus de 55 agressions vis-à-vis de l’établissement et des agents ; on a même eu un agent qui voit sa vie mise en danger parce qu’on lui a déboulonné les pneus de sa voiture», dénonce Sylvie Gustave-dit-Duflo, déplorant «des réactions timides de nos ministères (de tutelle, Agriculture et Environnement). Où est-ce qu’on a déjà vu une police attaquée de la sorte sans que les autorités compétentes prennent sa défense ?»
Ce vendredi toujours, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dit regretter que des responsables politiques et syndicaux «mettent de l’huile sur le feu», après les attaques visant l’Office français de la biodiversité (OFB). «Les agents de l’OFB, ce sont les héritiers de nos gardes champêtres et de nos gardes-chasse. Ils font le travail que nous leur demandons, de protection et de police de la chasse et de l’environnement. Rien de plus», a-t-elle déclaré lors d’un déplacement au Guilvinec (Finistère). «Je dépose ou je demande au patron de l’OFB de déposer plainte systématiquement quand il y a des actes de nature pénale qui sont commis à l’encontre des agents et de l’institution», a-t-elle encore dit.
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