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Ça sent la poudre à gauche. Deux jours après le refus du Parti socialiste (PS) de voter avec les autres formations qui composent – encore – le Nouveau Font populaire (NFP), les insoumis fourbissent leurs armes pour arroser leurs (ex ?) alliés. «Dimanche je redeviens audible», a annoncé vendredi, avec toute la grandiloquence qui le caractérise, Jean-Luc Mélenchon sur son blog. Le triple candidat à la présidentielle qui doit parler – chose devenue rare… – sur un média autre que les siens sera interrogé par des journalistes (et non des militants ou sans contradiction), en l’occurrence ceux du Grand Jury RTL-Public Sénat. «Je m’y exprimerai sur les sujets en débats en ce moment politique, écrit-il. Je m’astreins à une période de silence d’ici là sur ces thèmes.»
L’occasion de couper le micro et poser le clavier durant 48 heures : depuis jeudi, il multiplie les posts sur X pour qualifier les socialistes de «girouette», les accusant de «capitule [r] seul» et de «fracture [r] le NFP». Devant les siens, réunis pour écouter sa conférence sur le «moment politique», il a notamment traité François Hollande de «menteur». «Il nous a trahis et trompés», a-t-il insisté. Deux jours plus tôt, devant quelques journalistes triés sur le volet à l’Assemblée nationale, il mettait la pression : «tous ceux qui ne votent pas la censure sortent de l’accord du NFP» ; menaçant, aux prochaines législatives, de mettre des candidats face aux députés socialistes qui ne voteraient pas la censure.
«Personne n’est cramponné à LFI»
«Le NFP ce n’est pas un parti unique, mais une coalition. Jean-Luc Mélenchon n’en est pas le chef, riposte le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, ce samedi dans un entretien à La Dépêche. À force de crier, on ne les entend plus… […] Ils prennent des positions qui ne sont pas les nôtres. C’est leur liberté. La nôtre est de nous définir par nous-mêmes.» Appelant le fondateur de LFI à «argumenter plutôt qu’à invectiver et menacer», le député de Seine-et-Marne observe que «si à chaque désaccord, il organise une purge comme il a déjà pu le faire dans son propre parti, il finira tout seul». Faure juge au passage «irresponsable» la stratégie des insoumis de «tout faire reposer sur une présidentielle anticipée» et tente d’expliquer cette décision de ne pas censurer d’emblée le gouvernement de François Bayrou : «Nous avons fait un autre choix, celui de négocier avec le gouvernement pour éviter le pire à nos concitoyens […] Demain quand ils iront chez le médecin ou à la pharmacie, ils ne seront pas moins remboursés et ils le devront aux socialistes».
«Personne n’est cramponné à LFI, ajoute-t-il. Le NFP ce sont quatre forces autonomes», martèle-t-il, pointant le fait que les communistes et les écolos, s’ils ont voté la censure, «souhaitaient reprendre les discussions avec le gouvernement» et «ont publiquement fait savoir qu’ils comprenaient notre position». Il rappelle également, comme l’a fait un de ses proches, Pierre Jouvet, dans Libération, que son parti peut censurer le gouvernement «à tout moment» et explique que le changement de pied du PS vient du «courrier» adressé jeudi par François Bayrou aux socialistes dans lequel il écrit «que le parlement [aura] le dernier mot» sur les retraites, «que la conférence sociale sur […] aboutisse à un accord ou pas.»
La «conférence sociale» ? «Un attrape-nigaud» pour Éric Coquerel
«Pourquoi mentir pour justifier sa décision ?, l’a interpellé sur X le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard. Seuls les points faisant accord entre les organisations syndicales et patronales seront présentés à l’Assemblée Nationale. Sous-titre : le patronat s’opposant à toute remise en cause de l’âge de départ à la retraite ou de la durée de cotisation, l’abrogation de la retraite à 64 ans ne sera pas soumise au vote des députés.»
«Un attrape-nigaud», a renchéri de son côté Éric Coquerel, invité ce samedi sur franceinfo. Moins véhément que ses camarades, le président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale propose ainsi aux socialistes «une séance de rattrapage» avec le prochain vote du budget dans quelques semaines, calculant qu’il faudra «entre 15 et 20 voix» socialistes pour faire chuter François Bayrou, «si toute l’opposition vote la motion», c’est-à-dire, y compris, les députés du Rassemblement national et ceux d’Éric Ciotti. «Mon travail est, d’ici février, de convaincre de censurer, si on ne veut pas laisser Emmanuel Macron continuer sa politique pendant trois ans», a-t-il dit, espérant rallier «suffisamment» de députés PS, «voire tout le groupe» à l’Assemblée nationale. Pour lui, le «conclave» entre représentants des syndicats et du patronat, dont la première réunion a eu lieu vendredi et qui doit durer trois mois pour rediscuter de la réforme des retraites sert juste «à gagner du temps». Une période à l’issue de laquelle on saura dans quel état finit le Nouveau Front populaire.
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