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Voilà une décision qui ne devrait guère faire de vagues. Le processus de nomination du nouveau patron d’Aéroports de Paris (ADP) a, après plusieurs semaines d’attente, privilégié la solution interne. Philippe Pascal, actuel directeur financier de l’entreprise, a été proposé au poste de PDG par Emmanuel Macron. Pour être effectif, ce choix doit être entériné par l’Assemblée nationale et le Sénat et ne doit pas réunir contre lui une majorité égale aux trois cinquièmes des parlementaires. Enfin, le conseil des ministres devra avaliser ce processus. Trois candidats étaient en course pour le job : Claude Laruelle, ancien directeur financier de Veolia, et Loïc Rocard, actuel PDG de TechnicAtome, une ancienne filiale d’Areva. Le fils cadet de Michel Rocard avait, par le passé, exercé des fonctions au sein d’ADP.
Le candidat retenu est donc Philippe Pascal. Cet homme de 53 ans a commencé sa carrière dans l’administration des impôts et rejoint la société aéroportuaire en 2013, d’abord pour diriger les opérations financières et les participations de l’entreprise dont l’Etat est propriétaire à 50,6 %. Titulaire d’une maîtrise de droit public, ce diplômé de l’Ecole nationale des impôts a entamé sa carrière à la Direction de la législation fiscale à Bercy. Selon une source syndicale, il est perçu comme «un dirigeant pragmatique qui dit ce qu’il pense». Un cadre de la direction évoque «ses bonnes relations avec la CGT». Il devra d’ailleurs exercer des talents de négociateur dans un groupe de 28 000 salariés où la représentation syndicale est forte et dans lequel la capacité de blocage du trafic aérien existe à tout moment.
Les chantiers qui attendent le nouveau PDG sont cependant d’ordre financier et légal. Le secteur aérien est particulièrement dans le collimateur dans le processus de décarbonation des transports. L’an dernier le gouvernement a mis en place une taxe sur les infrastructures assise sur les grands aéroports et les sociétés d’autoroute. Le type de prélèvement qu’ADP répercute ensuite partiellement sur les compagnies aériennes et qui limite également sa capacité d’investissement notamment à l’étranger, où ADP a bâti l’essentiel de sa croissance en obtenant des concessions d’aéroports.
Le nouveau boss devra donc composer avec un actionnaire majoritaire, l’Etat, aux injonctions contradictoires. D’un côté, il attend le versement de dividendes de la part d’une entreprise régulièrement bénéficiaire avec 631 millions de bénéfices net pour 5,5 milliards de chiffre d’affaires. De l’autre, il entend qu’ADP investisse, notamment dans des capacités de stockage de carburant aérien vert. L’action ADP reflète visiblement ces objectifs divergents. Au cours des douze derniers mois et alors que le transport aérien a renoué avec la croissance, le titre a reculé de 2,94%.
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