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D’importants troubles de voisinage se dessinent en Amérique. Les promesses tenues dans le discours d’investiture de Donald Trump, certaines suivies d’effet avec la signature de dizaines de décrets en ce sens, n’ont pas tardé à faire réagir les pays voisins des Etats-Unis. Et pour cause, ces derniers sont parmi les premiers à subir les affres du tribun, persuadé qu’une invasion migratoire est en cours dans son pays, et décidé à imposer des droits de douane de 25 % au Mexique et au Canada en absence d’un meilleur contrôle aux frontières. «Nous envisageons [des droits de douane] de l’ordre de 25 % sur le Mexique et le Canada, parce qu’ils laissent un grand nombre de personnes […] entrer, et beaucoup de fentanyl aussi», a justifié Donald Trump depuis la Maison Blanche, quelques heures après son investiture.
Le Canada ne veut pas se faire marcher sur les pieds
Le Canada «ripostera» fermement et rapidement si les Etats-Unis venaient à imposer ces droits de douane, a soutenu ce mardi 21 janvier le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. «Tout est sur la table et je soutiens le principe de droits de douane équivalents au dollar près», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, prévenant que cela «aura un coût pour les Canadiens». «Nous sommes prêts à faire face à tous les scénarios» et «nous protégerons nos intérêts nationaux», tente-t-il de rassurer. Il a toutefois précisé qu’il espérait toujours convaincre l’administration Trump de ne pas appliquer ces droits de douane. «C’est un moment crucial pour le Canada et les Canadiens», a estimé le Premier ministre, qui a présenté sa démission début janvier, mais dont le remplaçant ne sera connu que le 9 mars prochain.
Selon des économistes, l’imposition de droits de douane déclencherait une profonde récession pour le pays, dont 75 % des biens et services exportés partent vers les Etats-Unis. En guise de contre-attaque, le Canada, que Trump imagine régulièrement en 51e Etat américain, songe également à créer une «taxe douanière Trump». Des drouates de douane plus élevés sur certains produits importés des Etats-Unis, notamment sur l’acier ou les céramiques, telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d’orange de Floride. Des centaines de milliers d’emplois canadiens sont en jeu et, selon un scénario pessimiste de la banque Scotia, une hausse américaine des droits de douane suivie d’une riposte du Canada pourrait faire chuter le PIB canadien de plus de 5 %, augmenter le chômage considérablement et faire grimper l’inflation à plus de 4,1 %.
Le Mexique tempère la situation
De l’autre côté des Etats-Unis, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum affiche au contraire une certaine sérénité face aux décisions d’ordre migratoires et économiques qui affecteraient directement son pays, l’un des premiers partenaires des Etats-Unis. «Il est important d’avoir toujours la tête froide et nous en tenir aux décrets signés, par-delà le discours», a déclaré la présidente de gauche pendant son habituelle conférence de presse matinale. «Il faut s’en tenir aux décrets pour le moment. Voilà pourquoi je dis qu’il faut rester calme et garder la tête froide, et agir pas à pas», a-t-elle encore temporisé en réponse à une question.
Vu de Mexico
La veille, Donald Trump a annoncé déclarer «l’urgence nationale» à la frontière sud. «Toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels là d’où ils viennent», a martelé le nouveau président américain lors de son discours d’investiture, en ajoutant «envoyer des troupes à la frontière». Une situation pas inédite, remarque la cheffe d’Etat, qui estime que les premières mesures migratoires prises par Donald Trump sont semblables à celles de son premier mandat, entre 2017 et 2021.
Au Groenland, ce n’est pas open bar
Plus au nord, c’est la fermeté qui est de mise. Pas question de laisser les Etats-Unis «se servir» au Groenland, a assuré son Premier ministre. «Nous sommes Groenlandais, nous ne voulons pas être Américains», a affirmé ce mardi Múte Bourup Egede en réponse à la prise de fonction de Donald Trump, qui convoite l’immense territoire autonome danois. «L’avenir du Groenland doit être décidé au Groenland», a-t-il redit lors d’une conférence de presse, reconnaissant que la situation était «difficile». Le président américain avait déclenché une vive inquiétude début janvier après avoir refusé d’exclure une intervention militaire pour placer le Groenland et le canal de Panama sous le contrôle des Etats-Unis.
Décryptage
Le Danemark s’est également permis de réagir ce mardi face aux menaces expansionnistes américaines. «Nous ne pouvons pas avoir un ordre mondial dans lequel les pays, s’ils sont assez grands, […] peuvent se servir à leur guise», a fait savoir le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, en réponse à des journalistes. Bien que Donald Trump n’ait pas cité, lors de son discours d’investiture, le territoire danois, il a cependant estimé, plus tard auprès des médias, que le Danemark finirait par céder sur cette question.
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