Le logement, un investissement clé pour une société qui prend soin de l’autre

Le logement, un investissement clé pour une société qui prend soin de l’autre

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Face au mal logement, la finance solidaire peut-elle changer la donne ? Pour mieux comprendre les enjeux, Soliko (ex-Solifap) propose, en partenariat avec Libération une soirée d’atelier et de débat, le vendredi 24 janvier.

En 2023, 4,1 millions de personnes étaient mal logées en France, selon la Fondation Abbé-Pierre, soit près de 6 % de la population. En pleine crise du logement, l’Etat se désengage et les financements publics restent insuffisants. Le logement, c’est aussi l’avenir : l’Etat doit se mobiliser et soutenir l’épargne des Français pour financer des projets de logements sociaux et durables.

Notre société fonctionne comme si elle pouvait ignorer les piliers du «care» : santé, éducation, logement. Clés du bon fonctionnement de notre contrat social, ils sont relégués au second plan dans les discussions budgétaires, politiques et autres «plans d’avenir»… Pourtant, sans logements dignes, comment parler d’avenir pour des millions de personnes ? En 2023, seul 1,6 % des dépenses publiques sont consacrées au logement, un niveau historiquement bas. Cette myopie budgétaire reflète une vision de court terme qui ne se soucie ni des coûts humains ni des coûts économiques à long terme.

Depuis deux ans, le secteur immobilier traverse une crise multifactorielle : hausse des taux d’emprunt, inflation, flambée des coûts des matériaux et paralysie du marché du neuf. Ces facteurs aggravent une crise de l’habitat déjà alarmante. Aujourd’hui, un quart des ménages vivent dans des logements mal isolés, et chaque soir, plus de 8 000 demandes d’hébergement restent sans réponse au 115.

Besoins de mesures adaptées

Cette crise est le fruit de choix politiques : baisse des financements publics, diminution des aides sociales comme les APL et niches fiscales favorisant l’investissement privé et la financiarisation croissante du logement, souvent déconnectés des besoins réels.

Le logement s’est transformé en produit financier valorisé pour son rendement plutôt que pour sa fonction sociale. Cette logique court-termiste entraîne des hausses de loyers, des évictions accélérées et des coupes dans la maintenance des immeubles. Ce modèle est à l’opposé de ce qu’il faudrait : investir dans des habitats durables et accessibles qui répondent aux besoins sociaux à travers des investissements de long terme.

Face au désengagement de l’Etat, l’épargne citoyenne joue un rôle de plus en plus important dans le financement du logement social et durable. Ce sont souvent les particuliers, par le biais des foncières solidaires et notamment à travers des plateformes comme Lita.co, qui pallient les défaillances de l’Etat providence dans sa mission de loger dignement sa population. Mais pour mobiliser cette épargne à plus grande échelle, nous avons besoin de mesures adaptées.

Cela passe par des garanties publiques qui assurent la sécurité des placements et par des incitations fiscales renforcées. Aujourd’hui, les dispositifs comme les avantages fiscaux en faveur des entreprises solidaires d’utilité sociale (Esus) et des services d’intérêt économique général (Sieg) sont trop limités et ne permettent pas suffisamment aux foncières solidaires de se démarquer. Aussi, la défiscalisation sur l’agrément Sieg reste conditionnée à des critères contraignants, comme la croissance du parc immobilier. Cela pénalise les foncières qui privilégient la qualité des logements à la quantité. Si l’on veut que l’épargne citoyenne soit un véritable levier pour le care, ces mécanismes doivent être stabilisés et élargis.

Garantir un logement digne n’est pas un luxe

Les foncières solidaires, comme la Foncière Chênelet ou Solidarités nouvelles pour le logement, montrent que d’autres modèles sont possibles. Ces structures échappent aux logiques de rentabilité court-termistes, proposent des loyers inférieurs au marché et investissent dans des constructions bas carbone ou des logements d’insertion. Ce sont des solutions inspirantes qui méritent d’être soutenues à la hauteur de leur impact social et écologique.

Garantir un logement digne pour toutes et tous n’est pas un luxe : c’est une obligation morale et une nécessité économique. Le mal-logement coûte cher, non seulement en souffrance humaine, mais aussi en dépenses publiques. En investissant massivement dans le logement social et durable, l’Etat ne fait pas qu’apporter une réponse à une crise sociale : il prépare l’avenir, réduit les inégalités et renforce les fondations de notre société.

Si nous voulons construire une économie du care, elle doit commencer par une politique économique qui ne considère pas le logement comme une commodité mais comme un pilier du contrat social.

Libération

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