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A peine quelques jours d’accalmie et voilà le retour annoncé des blocages. Le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC), association à l’origine du mouvement contre la vie chère qui contraint la Martinique à tourner au ralenti depuis près de deux mois, a promis que les barrages allaient lundi 21 octobre reprendre partout sur l’île. Le collectif dénonce l’accord signé la semaine passée entre les élus, la grande distribution et l’Etat et appelle à durcir le mouvement.
Que contient l’accord ?
Après sept tables rondes (auxquelles le RPPRAC a participé), la préfecture, des parlementaires, les distributeurs et grossistes, le Grand port maritime ou encore le transporteur CMA-CGM ont annoncé mercredi la signature d’un «protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère». Le RPPRAC avait refusé d’apposer sa signature au document. Cet accord vise à faire baisser de «20 % en moyenne» les prix de l’alimentaire en Martinique, sur «54 familles de produits», parmi lesquelles les pâtes, le lait, le beurre, les haricots rouges ou le fromage. Au total, autour de 6 000 produits devraient être concernés par cette baisse qui doit être effective au 1er janvier 2025. Elle doit s’opérer grâce à plusieurs mesures comme un taux nul de TVA et de la taxe «octroi de mer», un travail pour réduire les coûts d’acheminement depuis l’Hexagone et un gel des marges des distributeurs et des grossistes. Un comité technique de suivi du protocole doit aussi être créé dans les prochains jours. Il siégera ensuite chaque semaine pour suivre son application.
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Pourquoi le RPPRAC a refusé de signer ?
Depuis le début du mouvement, Rodrigue Petitot, Aude Goussard et Gladys Roger, les trois figures à la tête du collectif, ont toujours dit qu’elles ne s’arrêteraient pas tant qu’un accord comprenant une baisse des prix de l’ensemble des produits alimentaires ne sera pas signé. Mercredi, le trio a quitté la table des négociations prématurément quand il a été acté que seuls 6 000 produits seraient concernés, et non 40 000 comme ils l’exigeaient. La demande du RPPRAC est jugée intenable financièrement par la grande distribution et demanderait de plus gros investissements que ceux déjà consentis de la part de la collectivité territoriale de Martinique et de l’Etat.
A quoi s’attendre dans les prochains jours ?
Samedi, le RPPRAC organisait un rassemblement autour d’un stade en banlieue de Fort-de-France. La manifestation visait à montrer que l’accord signé mercredi 16 octobre ne satisfaisait pas la population et à réfléchir à l’avenir du mouvement. Devant les quelque 2 000 personnes qui ont pris part au rassemblement, Rodrigue Petitot, le très populaire président du RPPRAC, a assuré que le «combat» continuait jusqu’à ce que son mouvement obtienne «gain de cause». Pour faire plier les autorités et la grande distribution, il a annoncé un retour des blocages : «A partir de lundi, le pays est bloqué. A partir de lundi, il n’y a rien qui passe. Si on dit que personne ne peut circuler, personne ne pourra circuler. On est chez nous ici.» La menace semble crédible : l’association a prouvé depuis le 1er septembre qu’elle était suivie et écoutée sur l’île. Le collectif appelle à la venue en Martinique du ministre délégué aux Outre-mer pour débloquer la situation. François-Noël Buffet a déjà dit qu’il s’y rendrait prochainement, probablement vers la fin du mois d’octobre, sans avancer de date précise.
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Vers un effet tache d’huile en Guadeloupe ?
A moins d’une centaine de kilomètres de la Martinique, le mouvement social ne prend pas. La Guadeloupe connaît pourtant les mêmes les problématiques : le prix des denrées alimentaires et de la vie en général y est bien plus élevé que dans l’Hexagone alors que la population est, elle, bien plus pauvre. Les crises sociales ont souvent tendance à fonctionner en miroir entre la Martinique et la Guadeloupe. Le RPPRAC l’a compris : Rodrigue Petitot, Aude Goussard et Gladys Roger se sont rendus vendredi là-bas pour soutenir la branche locale de l’association et rencontrer certains élus. «Nos problèmes sont similaires, nos ennemis sont les mêmes : ce sont ceux à qui on se confronte, c’est-à-dire la grande distribution. On va essayer de mettre les forces en commun», a déclaré Rodrigue Petitot à la chaîne de télévision Guadeloupe la 1ère. Pour l’instant, son appel n’a pas été suivi.
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