
La « carte de la pollution éternelle » a été construite par Le Monde et ses dix-sept partenaires de l’enquête collaborative internationale « Forever Pollution Project ». Elle montre pour la première fois l’étendue de la contamination de l’Europe par les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), une famille de composés ultratoxiques employés dans une multitude de produits et d’usages. Persistants dans l’environnement, ces « polluants éternels » accompagneront l’humanité pendant des centaines, voire des milliers d’années.
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PFAS : l’eau potable en France est massivement contaminée par les « polluants éternels », notamment à Paris
- Ce que montre cette carte
Notre carte montre les usines de production de PFAS, certains sites où ils sont utilisés, ainsi que les sites où une contamination a été détectée et ceux où elle est présumée.
- 20 producteurs
Ces usines chimiques synthétisent des PFAS, qui seront ensuite employés dans de nombreux secteurs.
- Près de 23 000 sites où une contamination a été détectée
Chacun de ces sites a fait l’objet de prélèvements dans l’eau, dans les sols ou dans des organismes vivants, effectués par des équipes scientifiques et des agences environnementales entre 2003 et 2023. Ces mesures ont relevé la présence de PFAS à des doses égales ou supérieures à 10 nanogrammes par litre (ng/l).
- 232 utilisateurs de PFAS
Ces sites industriels utilisent des PFAS pour fabriquer des plastiques « haute performance », des peintures et des vernis, des pesticides, des textiles imperméabilisés, d’autres produits chimiques, etc.
- Près de 21 500 sites présumés contaminés
Il s’agit de sites dont l’activité industrielle, exercée actuellement ou par le passé, est documentée comme à la fois utilisatrice et émettrice de PFAS. Les bases militaires, par exemple, sont de grandes utilisatrices de mousses anti-incendie « AFFF », qui contiennent des PFAS. Tout comme la fabrication de certains plastiques appelés fluoropolymères requiert l’emploi de PFAS.
Si la contamination de ces sites est probable, aucun prélèvement dans l’environnement n’a été effectué pour le confirmer.
- Plus 2 305 « hot spots »
On parle de « hot spot » lorsque la concentration de PFAS détectée sur un site atteint un niveau que les experts estiment dangereux pour la santé (100 ng/l). Problème : des dizaines, parfois des centaines de prélèvements sont effectués par les autorités autour d’un endroit identifié comme l’« épicentre » d’une contamination – c’est le cas par exemple des usines de 3M à Zwijndrecht (Belgique) et de Chemours à Dordrecht (Pays-Bas) –, mais cela ne fait pas de chacun de ces points un hot spot en soi.
Afin de réduire au maximum le nombre de ces possibles « faux positifs », nous avons regroupé dans des « clusters » des points proches géographiquement. Ce calcul nous a conduits à évaluer le nombre de hot spots à plus de 2 100 dans toute l’Europe.
Une collecte inédite de données
Pour constituer notre carte, nous avons agrégé des données issues de multiples sources d’information, pour certaines non publiques. Ces données nous ont permis de localiser les sites de contamination détectée. Afin d’identifier les sites présumés contaminés, nous avons adapté la méthodologie d’un groupe de chercheurs qui a réalisé un travail similaire dans le but de cartographier la contamination aux Etats-Unis : le Le Monde
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