Un sujet sur LVMH supprimé du compte Instagram de BFM Business, les rédactions protestent

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Les rédactions de BFM Business, BFMTV, RMC et la Tribune, médias détenus par l’armateur CMA CGM, ont protesté contre la décision de leur direction de supprimer d’Instagram un sujet sur les difficultés du joaillier Tiffany, après selon elles des appels de LVMH, son propriétaire. «Cet interventionnisme n’est pas tolérable et contraire aux principes fondamentaux d’un journalisme indépendant», écrivent les sociétés des journalistes (SDJ) de ces quatre médias. Fait rare, elles ont publié un communiqué commun lundi soir sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Sollicités par l’AFP mardi, les groupes RMC BFM et LVMH n’ont pas fait de commentaire. RMC BFM fait partie de CMA Media, filiale médias de CMA CGM, groupe du milliardaire Rodolphe Saadé. LVMH est détenu par un autre milliardaire, Bernard Arnault.

L’affaire porte sur une enquête de la chaîne télé BFM Business, diffusée le 22 janvier et mise en ligne en version écrite sur son site. Son titre : «Ça va vraiment mal : année noire pour Tiffany», prestigieux joaillier américain dirigé jusqu’en novembre par l’un des fils de Bernard Arnault, Alexandre Arnault.

L’enquête a également été diffusée sur Instagram dans un format adapté à ce réseau social, une «story» avec une vidéo courte. Selon les SDJ, la vidéo, «qui faisait alors 100 000 vues», et la story ont «été supprimées d’Instagram» le 23 janvier, «sur demande de la direction» et «dans la foulée d’appels de LVMH». «L’article du site internet n’a en revanche pas été touché», poursuivent les SDJ.

C’est le média d’investigation la Lettre qui a révélé le retrait d’Instagram le 24 janvier.

Pour justifier ce retrait, la direction a fait valoir que le format court «était trop simplificateur», a indiqué à l’AFP une source interne à la chaîne. «Après déjà d’autres alertes, ces derniers mois, les SDJ de BFM Business, BFMTV, RMC et la Tribune resteront particulièrement vigilantes à l’avenir sur les interventions de leur actionnaire, CMA CGM, dans le contenu éditorial», préviennent-elles.

Elles réclament «la signature d’une charte ambitieuse» rappelant «l’indépendance des rédactions du groupe». En octobre, des informations de presse avaient fait état de possibles pressions pour qu’un documentaire de BFMTV sur la ministre de la Culture, Rachida Dati, ne soit pas diffusé, ce que la direction avait démenti.

Libération

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