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Jacques est le premier long métrage, réussi, bravant éléments et conditions extrêmes, de Lysandre Leduc-Budreau, cinéaste qu’on pense inspirée par le cinéma-vérité de Pierre Perrault, entre le Règne du jour et la Bête lumineuse, description attentive de personnes âgées aux visages donnés à lire comme une carte de géographie et captation de la vie sauvage québecoise d’êtres revenus de la société des hommes. Histoire de Jacques et géographie aux confins du Québec. Jacques Duhoux, pionnier des expéditions nordiques québécoises, randonnées pour touristes à la dure encadrées par Aventures nomades, vit en autonomie depuis 1980 au pied des monts Uapishka – «sommets blancs» en dialecte innu –, rebaptisés monts Groulx en 1967. Le film va prudemment à la découverte des mondes immenses, intérieur et extérieur, de l’homme de 85 ans, fait les présentations avec ce Robinson Crusoé du Grand Nord, expérimentant les limites de longues expéditions en traineau à chien dans la toundra, les neiges éternelles, l’horizon sans fin.
Le documentaire, alternant le méticuleux (les gestes de Jacques, l’âge qui le ralentit) et le vaste (son passé, la grande vie l’ayant mené là), fait le portrait d’un homme préférant, au terme d’ermite, se dire «personnage autonome». C’est le thème du film et son inquiétude : l’autonomie d’un corps, et sa perte inéluctable. Jacques ne se plaint de rien, tâches et contraintes sont le prix de sa liberté, de sa philosophie. Il grommel
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