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La mer, elle est toujours là, fidèle au poste. Ce n’est pas la plus belle des mers, plus grise qu’émeraude, moins sable que galets. Mais on peut compter sur elle pour y glander toute la journée ou s’y rafraîchir jusqu’à la taille quand les canettes de bière ont trop chauffé au soleil. «L’été, le jour prend son temps, fricote un peu avec la nuit». L’hiver, c’est une autre paire de manches. Les touristes sont partis. On y sent partout la désolation des stations balnéaires sans estivant. Il reste Max et Lou, les deux amis lycéens qui viennent poser leur cul sur un bunker, «vestige de la guerre, première ligne défensive». Ils regardent l’horizon qui ne débouche sur rien sinon l’envie de foutre le camp d’ici, de cette ville qui n’a pas même de nom, de prendre un ferry et de s’arracher de là, direction en face, l’Angleterre, comme l’a fait un jour le grand frère de Max dont on n’a plus jamais eu la moindre nouvelle, un héros, un moins que rien. Leurs deux vies commencent, plus vraiment l’enfance, juste avant que tout devienne plus sérieux.
Quand Max retire son tee-shirt, Lou voit sur la peau de son ami la marque d’un papillon bleu. Ils sont trop pudiques pour en parler, le silence les unit, mais Lou sait très bien ce que c’est. Comme ils n’aiment pas trop parler d’eux, ils s’inventent des jeux, se font deviner des mots, imaginent la vie des locaux, brodent un peu, boivent beaucoup. Les jours passent. L’ennui les rallonge. L’alcool les épuise. Quelques confidences mais
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