«On a très vite constaté des tensions» : une plainte déposée après des saluts nazis lors d’un débat entre étudiants à Lille

«On a très vite constaté des tensions» : une plainte déposée après des saluts nazis lors d’un débat entre étudiants à Lille

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La soirée devait mettre en avant la démocratie parlementaire, elle a fini dans la violence. Comme il le fait régulièrement, le Parlement des Etudiants de Lille organisait jeudi 30 janvier une simulation parlementaire où les étudiants jouent le rôle de députés de différents bords politiques. Des rencontres encourageant le dialogue et qui sont l’occasion de reproduire le fonctionnement des institutions représentatives. Loin des échanges habituels, des insultes et des saluts nazis ont marqué la dernière soirée et une plainte a été déposée par les directeurs de Sciences-Po Lille et de l’Espol, son équivalent à l’Université catholique de Lille.

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Organisé dans les locaux de Sciences-Po Lille, l’évènement rassemblait les élèves de trois établissements de sciences politiques lillois : l’institut d’études politiques de Lille, la Faculté de sciences juridiques, politiques et sociales de l’Université de Lille et l’Espol. Pour la troisième rencontre de l’année, les faux députés devaient débattre autour de «l’égalité réelle» comme le feraient des membres de partis opposés à l’Assemblée nationale. Un thème censé être abordé sous plusieurs angles : famille, école ou police.

Les premiers textes défendus portant sur la question des personnes transgenre, des propos anti-LGBT + se sont rapidement fait entendre dans l’amphithéâtre. Un participant rapporte également avoir entendu des injures à caractère raciste. «On a très vite constaté des tensions et entendu des insultes de part et d’autre de l’assemblée. Ce que l’on regrette car nous promouvons le débat d’idées, avec des règles», déplore auprès de Libération le président du Parlement des étudiants, l’association organisatrice. Dans la confusion, la pause à la moitié du débat devait calmer les esprits. En vain, puisque les tensions demeurent : «On en est arrivés à un moment où la simulation ne pouvait plus se tenir», rapporte l’organisateur.

Pour éviter que la situation ne dérape davantage, les étudiants appartenant aux partis fictifs de droite sont invités à quitter la salle avant leurs homologues de gauche. «C’est là que nous avons remarqué qu’un étudiant de l’Espol, à droite de l’hémicycle, faisait un salut nazi, hors du cadre de la simulation», ajoute-t-il. Un autre étudiant contacté affirme de son côté avoir vu ces saluts nazis «très tôt dans la soirée» et tout au long des débats. Les échauffourées se sont finalement poursuivies jusque dans la rue, devant Sciences-Po Lille. Pour son directeur, Etienne Peyrat, il ne fait pas de doute que l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de son bras droit, Elon Musk, a eu un «effet d’émulation et de libération de certains gestes».

Le directeur de Sciences-Po Lille a confirmé auprès de Libération avoir déposé plainte pour apologie de crime contre l’humanité contre les étudiants désignés comme auteurs des saluts nazis. Andrew Glencross, le directeur de l’Espol, l’école des deux étudiants incriminés, s’y est associé dans la foulée. L’un d’eux était par ailleurs déjà connu dans l’établissement pour des propos racistes. Un conseil de discipline doit se réunir prochainement pour décider des sanctions disciplinaires qui seront infligées aux deux étudiants.

«C’est la première fois que nous faisons face à cela», regrette de son côté le président de l’association organisatrice qui a condamné les faits. «Nous voulons que cela aille plus loin qu’une simple exclusion des deux étudiants de notre association. C’est pourquoi nous avons recueilli des photos, des vidéos et des témoignages que nous avons transmis aux administrations des écoles qui ont porté plainte», explique-t-il.

Dans la foulée, Etienne Peyrat a également décidé de suspendre l’accueil d’évènements du Parlement des étudiants dans ses locaux. «On ne remet pas en cause la bonne foi de l’association, mais il faut prendre le temps de la discussion, de se mettre d’accord sur les règles de ces simulations, explique-t-il. Assigner les étudiants à des partis sans leur en laisser le choix permettrait par exemple d’encourager la réflexion.»

Libération

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