Elon Musk le liquidateur

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Vêtus de noir, coupant sur leur passage toutes les communications internes, les trois individus ont rapidement réussi à pénétrer le système de paiement du Trésor américain, par lequel transitent plus de 6 000 milliards de dollars de paiements annuels en salaires et contrats. Branchant sur le serveur central leurs propres ordinateurs, les hommes – car ce sont tous des hommes, âgés de 19 à 23 ans – ont créé pendant le week-end une structure de gouvernance alternative aux institutions prévues par la Constitution américaine, bloquant des budgets entiers selon des mots-clés, transférant toutes les aides scolaires du ministère de l’Education à leur propre serveur, farfouillant des bases de données où figurent les ressources de centaines de millions de contribuables américains, d’organisations, d’entreprises. Un film dystopique, entre Ocean’s Eleven, Inception et le Cercle rouge ? Non, c’est hélas ce qui se passe ces derniers jours à Washington, et qui ressemble de plus en plus à un putsch institutionnel.

Au centre de ce complot annoncé de longue date, on retrouve Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, homme de main du président Donald Trump, sans aucun mandat public, qui semble animé par un désir infantile de prouver sa capacité à couper des budgets et saquer des fonctionnaires, à pourchasser les «dérives woke», autrement dit les systèmes de santé, d’éducation et de sécurité fédéraux, et accessoirement à personnifier les réponses trop timides à la question «comment reconnaître un psychopathe». Les fameux contre-pouvoirs prévus par la Constitution – le Congrès, les tribunaux, les agences de régulation, le Sénat, la Cour suprême – sont inaudibles, voire inopérants. Les experts en droit américain répètent à longueur de journée qu’il n’y a aucun précédent à cette crise constitutionnelle. C’est sans doute vrai, bien que l’image qui vienne à l’esprit soit la photo bien connue des otages dans le sous-sol de la banque Kreditbanken à Stockholm, le syndrome qui y est associé pouvant bientôt se manifester chez tous ceux qui auraient déjà dû intervenir. Ceux qui sont persuadés que la France est immunisée contre ce techno-populisme feraient bien de regarder la vérité en face, à Washington comme ailleurs.

Libération

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