Réforme des retraites : le plein d’idées pour l’abroger sans vider les caisses

Главная страница » Réforme des retraites : le plein d’idées pour l’abroger sans vider les caisses

Trouvailles

A l’invitation des députés LFI Eric Coquerel et Liot Charles de Courson, syndicalistes et économistes ont mis sur la table, lundi 21 octobre à l’Assemblée, des moyens alternatifs pour revenir à un âge de départ légal à 62 ans au lieu de 64 ans.

Abroger la réforme des retraites de 2023 ? Financièrement, ce ne serait pas tellement périlleux, affirme l’économiste Michaël Zemmour, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Selon lui, il suffirait, pour compenser le manque à gagner financier (environ 0,6 point de PIB en 2032), d’augmenter les cotisations vieillesse, prélevées sur les salaires, de 0,15 point par an pendant sept ans. «Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas beaucoup. A aucun moment ce n’est un ordre de grandeur qui justifie de l’écarter du champ des possibles», a-t-il expliqué ce lundi 21 octobre, à l’occasion d’un colloque organisé par Eric Coquerel et Charles de Courson, respectivement président et rapporteur général de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Les deux députés La France insoumise et Liot, unis par leur opposition au report de l’âge de départ à 64 ans, avaient invité les représentants syndicaux et patronaux, mais aussi plusieurs économistes, à phosphorer toute une matinée dans une salle au sous-sol du Palais-Bourbon. C’est que, a expliqué Eric Coquerel, «on n’en a pas fini avec la réforme des retraites, qui pâtit d’une illégitimité de fait : elle n’a jamais été votée dans cette Assemblée». Et il pourrait se trouver dans les prochaines semaines une large majorité de députés pour voter son abrogation, via deux propositions de loi. Celle du Rassemblement national sera examinée le 31 octobre. Une autre, portée par LFI, le sera le 28 novembre. Cette dernière bénéficie d’un calendrier parlementaire favorable, puisqu’elle pourrait être examinée au Sénat le 23 janvier dans une niche parlementaire communiste, et faire son retour à l’Assemblée le 6 février dans une niche écologiste.

Le camp de l’honnêteté

Avec cette sorte de «conférence de financement» officieuse, Eric Coquerel et Charles de Courson ont exaucé un vœu syndical. Avant même l’examen de la dernière réforme, les organisations de salariés réclamaient du gouvernement une telle initiative, qui leur aurait permis de soumettre leurs propositions de financement alternatives, royalement ignorées par le gouvernement Borne. Fait notable de l’événement : lors de sa présentation introductive, le nouveau président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a justifié la réforme non pas pour ses effets financiers sur le système de retraites – et pour cause, elle ne suffira pas, comme le répétait à l’envi le gouvernement, à rétablir son équilibre, un déficit de 0,4 % du PIB étant encore attendu en 2030 –, mais pour son «effet très significatif sur les finances publiques globalement considérées». «On trouve particulièrement étonnant d’avoir aujourd’hui une justification inversée de la réforme, consistant à dire que l’enjeu était de rééquilibrer les comptes publics et pas de rééquilibrer les systèmes des retraites», a ironisé Yvan Ricordeau, le numéro 2 de la CFDT. Manière de dire que le camp de l’honnêteté a toujours été celui des opposants au report de l’âge légal.

Ainsi, pour les syndicats, l’événement de ce lundi constituait une occasion de rejouer le match. Les propositions, parfois communes comme sur l’emploi des seniors, étaient nombreuses. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a aligné 40 milliards d’euros de recettes potentielles, qui passeraient, entre autres, par la mise à contribution des primes, de l’intéressement et de la participation (2,2 milliards d’euros) ou la socialisation des revenus financiers des entreprises au même niveau que les salaires (24 milliards). François Hommeril, le président de la CFE-CGC, a pointé «la croissance non contrôlée du recours au statut de microentrepreneur, notamment les travailleurs des plateformes, qui […] prive la retraite de cotisations donc de ressources». La vice-présidente de la CFTC, Pascale Coton, a plaidé pour une égalité réelle des salaires entre hommes et femmes : «Arrêtons de dire que l’on va “tendre vers” !»

En face, le patronat, représenté par le Medef et la CPME, a défendu l’introduction d’une part de capitalisation dans le régime. Idée cinglée par l’ancien président du COR, Pierre-Louis Bras : «Je ne comprends pas comment on peut y penser, sauf si on travaille chez Axa.» Mais ce dernier a aussi souligné la «fiction» consistant à dire qu’on pourrait faire payer une hausse des cotisations par les employeurs : «Tous les travaux montrent que quand on augmente les cotisations employeurs, notamment pour la retraite, ça se répercute ensuite sur les hausses du salaire brut. Donc il faudrait en finir avec cette fiction que les entreprises payent la retraite.» Car à la fin des fins, «c’est les salariés qui payent». Reste à leur donner le choix de la manière qui aurait leur préférence.

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Syrian rebels name head of transitional govt

02:07 To display this content from , you must enable advertisement tracking and audience measurement. Accept Manage my choices Issued on: 11/12/2024 – 01:39Modified: 11/12/2024 – 06:44 Syrian rebels appointed…