Le déficit commercial français en baisse, mais reste toujours élevé

Enfin une nouvelle pas trop mauvaise sur le plan économique. Pour la deuxième année consécutive, le déficit commercial de la France s’est réduit en 2024 pour s’établir à 81 milliards d’euros contre 99,6 milliards l’année précédente, selon les statistiques publiées vendredi par les douanes. Il a été divisé par deux en deux ans après son grand plongeon de 2022 (162,6 milliards), année marquée par la flambée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. «Dans un contexte international peu porteur, notre balance commerciale s’améliore», a applaudi le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin dans une déclaration, soulignant «l’excellence et le savoir-faire français reconnus internationalement».

Il n’y a néanmoins pas de quoi trop se réjouir. La France reste en effet encore loin de son niveau de 2019 (59 milliards d’euros de déficit) «principalement en raison du coût de l’énergie importée et de la dégradation du solde des matériels de transport [produits de l’industrie automobile, aéronautique et spatiale, nautique, matériel ferroviaire roulant et deux roues, ndlr]», soulignent les douanes dans un communiqué. Il faut remonter à 2002, il y a 23 ans, pour retrouver le dernier excédent commercial français sur les biens. Cette embellie est également à relativiser car l’amélioration de la balance commerciale l’an dernier s’explique avant tout par un recul plus marqué des importations que des exportations, et non par une progression des exportations.

Dans le détail, la balance commerciale a bénéficié d’un recul des importations d’énergie dans la foulée de la baisse des prix des hydrocarbures, énième démonstration que la transition énergétique vers moins de pétrole et plus d’électricité bénéficiera durablement au solde des échanges hexagonaux. Les parfums, les cosmétiques, les produits chimiques et l’électricité ont affiché des excédents records, et l’aéronautique présente un solde excédentaire, bien que moins large qu’en 2023. Le solde du secteur pharmaceutique affiche la plus forte progression. Outre la balance sur les biens, le gouvernement met en avant les services financiers au solde record et le tourisme au plus haut depuis 2013, avec à la clef une balance des services au-dessus de ses niveaux d’avant la pandémie.

L’heure n’est pas non plus au soulagement en raison du contexte géopolitique et surtout de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche qui utilise le relèvement des droits de douane pour faire du chantage commercial. Si le président des Etats-Unis n’a encore rien dit de concret sur la hausse qu’il compte imposer à l’Union européenne, ni quand il comptait le faire, il a de nouveau agité la menace dimanche. Avec les Etats-Unis, la France affiche un solde commercial déficitaire, bien qu’en amélioration, à 4,1 milliards d’euros, à l’inverse de l’Allemagne qui vient de dégager un excédent record, de quoi raviver les tensions avec Donald Trump.

La France risque d’être affectée surtout indirectement, via des partenaires très exposés au marché américain, comme le secteur automobile allemand. «Le risque est que des exportations ne pouvant pas aller aux Etats-Unis viennent inonder notre marché», notamment les exportations chinoises, souligne Olivier Redoules, directeur des études de l’institut Rexecode, ce qui augmenterait les importations en France.