:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/DNMZNBN2YBEXHLHB5ZT2AE3VMA.jpg)
C’est un spectacle double, qui commence et s’achève dans le silence et la pantomime : le visage tendu, yeux fermés et joues gonflées d’un vieillard ; les bouches grimaçantes de tout un chœur. Sur le plateau du Vieux-Colombier, Tommy Milliot et la troupe de la Comédie-Française travaillent la prose de Maeterlinck moins comme une langue que comme une matière sonore et lumineuse, quelque chose qui s’extrait à peine du silence et des ténèbres pour y retourner aussitôt, comme une cavité dans un souterrain ou une lueur dans un ciel noir.
Pourtant le plateau, alors que le rideau ouvre sur la première des deux courtes pièces qui composent le spectacle, paraît bien civilisé : de grands pans de bois aux tons chauds entourent une salle à manger sobre qu’éclaire une lampe à la lumière légèrement vacillante. Dans l’Intruse, publiée en 1890, le jeune écrivain belge Maurice Maeterlinck, précurseur du symbolisme en théâtre, campe une famille qui attend. Une jeune femme est dans une chambre attenante, malade. C’est le soir, on discute de choses et d’autres, autour du grand-père aveugle, qui est de plus en plus persuadé, sans qu’on sache pourquoi, qu’il va se passer quelque chose de terrible. Les Aveugles, plus longue, plus peuplée, met aussi en scène l’imminence de quelque chose de terrible. Exit la salle à manger : la structure de bois accueille désormais des colonnes et de grandes marches, sur lesquelles est assis un groupe de non-voyants, femmes d’un côté et hommes de l’autre
Leave a Comment