Georgia Makhlouf, chambre noire et maison fantôme

Marie El Khazen est considérée comme la première femme photographe libanaise. Née en 1899, à une époque où les femmes étaient davantage destinées à fonder et tenir un foyer, elle a toujours refusé les diktats, dévouée corps et âme à sa passion, la photo, qui lui a permis de documenter magnifiquement la vie rurale au Liban dans les années 20. Elle serait sans doute tombée dans l’oubli si la Fondation arabe pour l’image n’avait préservé une partie de son travail. C’est cette histoire que l’écrivaine franco-libanaise Georgia Makhlouf a entrepris de raconter sous forme de roman. Formidable idée tant la personnalité et le parcours de cette femme unique en son genre se prêtent à tous les fantasmes. Comme la magnifique maison familiale de Zghorta, ville maronite du nord du Liban où Marie El Khazen a vécu jusqu’à la fin de ses jours.

Pour rajouter un peu de piment, Georgia Makhlouf a créé le personnage de Mona, jeune apprentie photographe libanaise qui, à notre époque, dans un Liban en lambeaux, découvre un jour une maison à l’abandon qui l’aimante, comme si ce lieu avait encore une âme. Elle apprend vite que l’ancienne propriétaire, Marie Karam (Marie El Khazen) était une grande photographe, une femme libre et solitaire qui exécrait les conventions sociales et menait sa vie comme elle l’entendait. Et que son journal intime a été conservé, du moins une grande partie ainsi que de nombreuses images. Elle va se plonger dans son histoire et découvrir qu’elle a de nombreux points communs