Disney réduit sa politique de diversité et retire des avertissements aux stéréotypes en amont de ses films

Disney réduit sa politique de diversité et retire des avertissements aux stéréotypes en amont de ses films

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Depuis sa reprise en main de la puissante Walt Disney Company en 2022, le PDG Bob Iger avait donné son mot d’ordre : plus de résultats, moins «d’idéologie woke». Alors que l’offensive réactionnaire menée par le président américain Donald Trump déferle dans tous les coins de l’administration, à coups de démantèlement de programmes pro-diversité et décrets transphobes, la multinationale Disney semble s’accorder au diapason. Et annonce réduire ses programmes de diversité, d’équité et d’inclusion «pour se concentrer davantage sur les résultats commerciaux», selon une note consultée par Reuters et révélée mardi 11 février.

D’une part, le groupe a pris la décision d’édulcorer des avertissements présents au début de certains films, qui visent à alerter de la présence de stéréotypes. Jusqu’à présent, sur Disney + le spectateur pouvait lire avant le visionnage de certains classiques comme Dumbo (1941) ou Peter Pan (1953) une mise en garde contre des «représentations négatives et /ou de traitements inappropriés envers des personnes ou des cultures». Et d’ajouter : «Ces stéréotypes étaient déjà problématiques à l’époque et le restent aujourd’hui».

La plateforme va désormais écourter son message, soulignant simplement que l’œuvre «peut contenir des stéréotypes ou des représentations négatives». Surtout, l’avertissement ne figurera plus au début du film et n’apparaîtra plus que dans une section consacrée aux détails sur les films.

Film d’animation

Disney n’en est pas à son premier rétropédalage sur la question. En décembre, le New York Times rapportait que le studio Pixar, filiale de la Walt Disney Company, avait retiré un élément de scénario concernant une personne transgenre dans une série en préparation. Si cette décision avait été rendue publique peu de temps après l’élection présidentielle, Pixar assure de son côté qu’elle aurait été prise l’été précédent.

Désormais, comme le révèle le même journal, l’évaluation des compétences des dirigeants dans l’entreprise ne prendra plus en compte le critère «diversité et inclusion», énigmatiquement remplacé par l’expression «stratégie talent». En outre, le programme «Reimagine Tomorrow», destiné à «amplifier les voix sous-représentées» sera supprimé.

Accusé par la droite conservatrice américaine d’être au service de la propagande progressiste ces dernières années, le groupe Disney s’est plusieurs fois trouvé au centre d’une guerre culturelle et politique. Le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis est l’un des ennemis revendiqué de la multinationale, qui avait publiquement dénigré sa loi anti LGBT. Il décidait en 2022 d’abolir le statut spécial accordé au parc d’attractions Disney dans son Etat, déclenchant un bras de fer judiciaire.

Editorialement parlant, Disney travaillait jusqu’ici à moderniser les valeurs véhiculées par ses films et contenus, entre nouvelle super-héroïne musulmane côté séries (Miss Marvel) et remakes plus inclusifs de ses classiques (le choix de l’actrice métisse Rachel Zegler pour jouer Blanche Neige dans le film en live-action qui sortira le 19 mars avait fait jaser). En 2022, Avalonia, l’étrange voyage, par ailleurs soldé par un échec commercial, mettait en scène pour la première fois un héros homosexuel. En 2023, Disney choisissait une actrice noire pour incarner La Petite Sirène, adaptation du conte de Hans Christian Andersen. Choc et consternation pour ses détracteurs, qui y ont vu une énième dérive du «wokisme».

Si l’on pouvait soupçonner un certain opportunisme de Disney pour coller aux tendances de l’industrie, sans sincères convictions en faveur du progrès social, au moins la diversité s’invitait à l’écran. A présent que le géant du divertissement fait machine arrière, à l’écran comme dans ses bureaux, il n’est plus permis de douter de ce pragmatisme industriel.

Libération

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