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Vers un nouveau procès pour Laurent Vinatier. Détenu depuis juin, le chercheur français a fait appel de sa condamnation à trois ans de prison en Russie pour ne pas s’être enregistré en tant qu’«agent de l’étranger», a annoncé ce mardi 22 octobre un tribunal de Moscou. L’un de ses avocats, Alexeï Sinitsyne, a confirmé l’appel à l’AFP mais s’est refusé à tout autre commentaire.
Le label «agent de l’étranger» utilisé par Moscou, qui rappelle l’époque soviétique, est assorti de contraintes administratives très strictes, pour museler et réduire au silence les voix critiques du régime. Ce que n’avait pas manqué de souligner le Quai d’Orsay dans la foulée de la condamnation, déplorant une peine d’une «extrême sévérité». «La législation sur les “agents de l’étranger” contribue à une violation systématique des libertés fondamentales en Russie, comme la liberté d’association, la liberté d’opinion, et la liberté d’expression», avait réagi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, ajoutant que Paris demandait «la libération immédiate» de son ressortissant.
Laurent Vinatier, , avait reconnu ne pas s’être enregistré sous ce label utilisé en Russie et avait assuré ignorer que cette obligation avait été introduite dans leCode pénal. L’un de ses avocats russes, Oleg Bessonov, a rappelé que son client avait «avoué pleinement sa culpabilité» en plaidant l’ignorance. «Cette demande est déraisonnable et illégale», a martelé son autre avocat, Alexeï Sinitsine. Les deux conseils ont demandé que leur client soit sanctionné par «une amende».
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Ce chercheur spécialiste de l’espace post-soviétique, qui dit «aime[r] la Russie», d’où sa femme est originaire, travaillait sur le sol russe pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels.
Tensions Paris Moscou
Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé que l’accusé avait recueilli «des informations militaires et techniques pouvant être utilisées par des services de renseignement étrangers à l’encontre de la sécurité de la Russie». Ces accusations avaient fait redouter une inculpation plus grave, pour «espionnage», un crime passible de 20 ans de prison en Russie. Selon des sources interrogées par l’AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’offensive russe à grande échelle de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu’à son arrestation début juin 2024, il effectuait des voyages dans les deux pays.
Cette affaire survient à un moment où les relations entre Moscou et Paris sont particulièrement tendues : la Russie est accusée d’une série d’actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien à l’Ukraine. Ces dernières années, plusieurs Occidentaux, en particulier des Américains, ont été arrêtés en Russie et visés par de graves accusations, Washington dénonçant des prises d’otages pour obtenir la libération de Russes détenus à l’étranger.
Cette politique répressive a conduit la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à condamner ce mardi 22 octobre la Russie pour sa loi sur les «agents étrangers», promulguée en 2012. «La législation russe sur les “agents étrangers” est arbitraire et fait naître un climat de méfiance», a jugé mardi la juridiction qui avait été saisie par 107 ONG, médias et membres de la société civile russe.
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