légaliser et arrêter de saliver, par Luc Le Vaillant – Libération

Ça devient fatigant ces tests de vertu physiologiques auxquels les élus de la nation seraient tenus de se soumettre et, pire, de souscrire. Lors d’une récente émission d’Envoyé spécial, Elise Lucet a arpenté la salle des Quatre Colonnes pour passer les députés présents à la question toxicologique. En guise d’éprouvette, la présentatrice enquêtrice en pull blanc brandissait une languette verte. Façon gendarmette sortie de son estafette, elle les a incités à enduire de salive ce détecteur de défonces. Le crachoir pharmaceutique en question permet de repérer les consommateurs de produits interdits. Il détecte cannabis, cocaïne, héroïne, ecstasy et amphétamines, un peu comme le fait l’éthylotest qui lui n’est pas de saison à la buvette du Palais-Bourbon.

D’ordinaire quand Elise Lucet, justicière au micro-harceleur, pourchasse les patrons, financiers et autres arnaqueurs réels ou supposés, ceux-ci lui claquent la porte au nez. Cela permet à notre évacuée de se victimiser, ce qui aujourd’hui revient à se stariser, et lui permet d’incriminer d’autant les récalcitrants.

Cette fois, à ma grande surprise, les élus filmés ont fait assaut de bonne volonté. Ils ont joué les parfaits élèves et les cobayes dociles soucieux de démontrer leur stupéfiante virginité. Désignés volontaires, ils se sont déclarés enchantés. Ils sont tellement souvent montrés du doigt qu’ils sautent sur la moindre occasion de prouver qu’ils ont une tempérance de premiers communiants. A voler ainsi au secours d