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Aujourd’hui âgé de 88 ans, l’inspecteur pédagogique auteur du rapport de 1996 sur le collège-lycée de Notre-Dame-de-Bétharram reconnaît ce mercredi 19 février auprès de la cellule investigation de Radio France que le document qu’il a signé «ne tient pas la route actuellement». Commandé un an plus tôt, quand François Bayrou était ministre de l’Education, le document concluait alors que les élèves n’étaient pas «brutalisés». Les victimes parlent pourtant d’une institution prisée où régnaient «violences», «prédation» et «silence».
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Cette inspection était survenue après plusieurs faits qui avaient mis la puce à l’oreille des autorités éducatives : un élève avait été giflé par un surveillant, une bousculade entre élèves avait blessé une enseignante et un pensionnaire du dortoir avait été envoyé dehors «en petite tenue» par un surveillant-élève à la suite «d’un chahut» dans le dortoir.
Auprès de nos confrères, Camille, l’inspecteur, «pèse chacun de ses mots» en revenant sur son rapport. À l’époque, il interroge une vingtaine de personnes : «les gens que j’ai rencontrés m’ont dit ce qui s’était passé pour cette histoire de gifle, mais ils ne m’ont pas dit autre chose que ça», explique-t-il. «Je n’ai pas cherché à savoir ce qui se passait dans les dortoirs ou dans des lieux de rencontre des élèves.» Il affirme avoir quitté l’établissement «en ignorant totalement ce qui est actuellement reproché.»
À l’époque, seuls les élèves délégués avaient témoigné. Si l’un d’entre eux a eu un discours «plus nuancé» que les autres, selon le document, on ne sait toujours pas ce que cela signifie. Ainsi, Camille n’avait pas eu l’occasion de rencontrer la professeure de mathématiques qui tentait d’alerter sur la situation au sein de Notre-Dame-de-Bétharram. Elle était en arrêt maladie, mais décrite dans le rapport comme ayant «exprimé son intention de ‘’démolir Bétharram’’ considérant que cet établissement utilise des méthodes éducatives d’un autre âge». Selon l’inspecteur, il n’a jamais été question à l’époque de violences sexuelles lors de son passage dans l’établissement : «si j’avais su, j’aurais eu sûrement un autre comportement…».
Le porte-parole de l’association des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, a immédiatement réagi ce mercredi sur France Info aux déclarations de l’inspecteur académique. Il se dit se dit «sidéré et révolté» par «la désinvolture et la légèreté de cet inspecteur d’académie régional» : «J’entends son acte de contrition, et faute avouée est à demi pardonnée». Selon Alain Esquerre, ce rapport «entraîne une très grande responsabilité en termes de violences qui se sont poursuivies ensuite à Bétharram – et notamment après 1996 – et qui empêchent les pouvoirs publics d’agir et d’aller plus loin sur ce dossier, et même qui empêchent la justice d’enquêter».
Il déplore par ailleurs que l’inspecteur ait mis en cause la professeure de mathématique sans l’avoir rencontrée : «il la décrit avec un état d’esprit très négatif parce qu’il écoute tous les enseignants de Bétharram. Et le crime de Françoise Gullung, c’est de donner à ses élèves le numéro d’urgence, le 119». Et de conclure : «Les politiques, comment vous voulez qu’ils agissent si la fonction publique d’Etat ne fait pas le job pour lequel elle est payée ?»
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