Annette Wieviorka : «Quel que soit le sujet de recherche, il y a quelque chose de joyeux, d’excitant»

Que veut-on montrer quand on se retourne sur sa vie professionnelle et ce qu’elle a produit ? Comment regarde-t-on des textes écrits dix, vingt ou quarante ans plus tôt ? Annette Wieviorka a choisi de repartir de lieux. «Une itinérance» professionnelle, dit-elle ; mais aussi, on le comprend, des lieux qui sont à l’origine de rencontres, émotions et sensations, parfois anecdotiques et parfois essentielles. Toutes contribuent à donner une intensité pas forcément attendue à l’aventure qu’est parfois le travail de l’historien quand il plonge dans les archives, comme dans une enquête policière ou une chasse au trésor.

Depuis plus de quarante ans, l’historienne travaille sur la Shoah et l’histoire des Juifs au XXe siècle. Sur ce sujet et d’autres plus ou moins proches, elle a publié quelque 18 livres et des centaines d’articles. Itinérances en réunit 43 publiés sur quarante ans, plus 10 textes originaux introduisant les différents chapitres : Varsovie, Nuremberg, Jérusalem, Paris X…

Parmi les lieux hautement symboliques, l’hôtel Lutetia où les survivants des camps ont été accueillis pendant des mois en 1945. Lorsque, dans les années 80, l’historienne rencontre les déportés passés par là, elle recueille des témoignages très contrastés. Pour les uns, il y a le souvenir d’avoir dormi dans une vraie chambre avec un vrai lit et des draps blancs. Pour d’autr