François Bayrou échappe à une sixième motion de censure, votée par l’ensemble de la gauche

François Bayrou échappe à une sixième motion de censure, votée par l’ensemble de la gauche

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Et s’il y prenait goût ? Pour la sixième fois depuis sa prise de fonction en décembre, le Premier ministre a échappé, ce mercredi 19 février, à une nouvelle motion de censure déposée par la gauche, la cinquième en deux semaines. Annoncée depuis plusieurs semaines par le Parti socialiste, déposée lundi, elle visait à interroger le gouvernement sur ses «valeurs», après l’utilisation de l’expression «sentiment de submersion» migratoire par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, un terme emprunté à l’extrême droite. «Un gouvernement républicain ne doit jamais s’écraser devant l’extrême droite», a lancé Ayda Hadizadeh qui portait la voix du Parti socialiste au perchoir. Si elle a été soutenue par le NFP, les 181 voix rassemblées sont loin du compte pour emporter la majorité. Sans surprise, l’ensemble du camp macroniste et leurs partenaires LR se sont abstenus, tout comme le Rassemblement national et ses alliés ciottistes, qui avaient annoncé leur intention lundi.

En l’absence des votes du Rassemblement national, cette motion de censure n’avait pas de chance de passer. Mais face à un hémicycle presque vide, rempli principalement de socialistes, François Bayrou en a fait un événement. Dans un (très) long discours de 38 minutes, le Premier ministre s’en est pris au PS et à son premier secrétaire, Olivier Faure. Qualifiant le texte de «motion de censure de Congrès», «la plus cousue de fil blanc de toute l’histoire parlementaire», alors que les socialistes doivent élire leur nouveau chef en juin. Après un échange direct avec Faure, le Premier ministre n’a pas mâché ses mots. «On voit bien de quoi il s’agit, d’habiller de mots les plus grands et les plus grandiloquents possibles, de médiocres, médiocrissime intérêts, minuscules intérêts électoraux, microscopiques intérêts de courant de Congrès.» Il n’en fallait pas plus pour que le Parti socialiste s’emporte. Les socialistes ont quitté l’hémicycle, fustigeant un discours ironique du maire de Pau.

Gouvernement

«On a éclaté», explique à Libération Arthur Delaporte, qui assure que le départ des socialistes n’était pas prévu à l’avance. Dans la salle des Quatre-Colonnes, les cadres socialistes prennent la parole dès la fin du discours de Bayrou. «M. le Premier ministre a répondu à côté de la plaque», s’est agacé Ayda Hadizadeh, entourée d’Olivier Faure et du chef du groupe socialiste Boris Vallaud. «Il est temps qu’il parte, il est temps que M. Bayrou démissionne», ajoute la députée du Val-d’Oise. Une demande franche alors que son parti n’appelle pas clairement au départ de Bayrou de Matignon depuis décembre, contrairement à LFI.

Cette motion avait un goût de rattrapage pour le PS. Après avoir refusé de voter les cinq premières, consécutives à la déclaration de politique générale et l’adoption des différents budgets par 49.3, provoquant les critiques acerbes de La France insoumise à leur encontre et une nouvelle crise au sein du Nouveau Front populaire déjà fragile, les socialistes ont finalement déposé leur propre texte. Votée à l’unanimité par LFI, cette motion de censure n’a pas pour autant permis de retisser les liens entre les deux principaux groupes parlementaires de gauche. «Il faut une vraie opposition, pas une opposition de papier mâché», a lancé au perchoir l’insoumis Bastien Lachaud. «Les socialistes ont inventé quelque chose de magnifique, c’est-à-dire une motion de censure qui ne doit pas censurer le gouvernement et qui ne doit pas le faire tomber», lançait Mathilde Panot, mardi, lors de la conférence de presse hebdomadaire du groupe. Au début du mois, le député socialiste François Hollande estimait qu’elle n’était «pas faite pour renverser le gouvernement». «C’est fait pour l’interpeller», ajoutait l’ancien président. Une prise de parole qui lui avait valu les foudres de son propre camp. «Ce n’est pas notre position collective. Merci Hollande ne pas parler en notre nom», avait alors répliqué le député Laurent Baumel, par ailleurs conseiller d’Olivier Faure.

Fragilisé par l’affaire Bétharram – la gauche l’accusant d’avoir menti sur sa connaissance des agressions physiques et sexuelles dénoncées par des élèves de cette école privée située dans son fief béarnais –, François Bayrou réussit à se maintenir à la tête du gouvernement et s’offre une période de répit. Une accalmie qui lui permet de lancer son passage à Matignon. Le gouvernement a fixé ses priorités des prochains mois : lutte contre le narcotrafic, action pour la reconstruction et la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, projet de loi sur la fin de vie… Un programme dont est absente la proportionnelle aux législatives, sujet pourtant cher à François Bayrou et condition sine qua non pour que le RN ne censure pas le maire de Pau en janvier dernier. Un sujet qui, en l’absence de majorité claire pour le soutenir, a visiblement été mis de côté par les deux camps.

Libération

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