Joël Le Scouarnec, un autre homme ordinaire

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A peine l’éprouvant procès Mazan terminé, voilà qu’une autre affaire hors norme arrive devant la justice, mais cette fois ce ne sont pas 51 hommes ordinaires qui sont accusés de viol sur une femme, mais un homme ordinaire accusé de violences sexuelles sur… 299 victimes, qui avaient 11 ans en moyenne au moment des faits. La plus grande affaire de pédocriminalité jamais jugée en France. Joël Le Scouarnec était un homme ordinaire dans le sens où il était intégré à la société, médecin, marié, trois fils, une allure passe-partout… Bref, notre voisin de palier, comme on le disait des 51 accusés de Mazan.

Pourtant, ce médecin reconnu, cet époux, ce père de famille aurait pu être identifié plus tôt comme un prédateur. Différentes alertes ont été données qui auraient dû entraîner une enquête plus poussée. Des enquêteurs connaissaient des bribes mais ils n’ont pas cherché plus avant, sa femme a voulu croire que ce n’était «rien», certains de ses responsables avaient été alertés mais ils n’ont pas exploité les informations qu’ils détenaient et, pendant ce temps, Joël Le Scouarnec agressait sexuellement des enfants pendant leur sommeil ou leur anesthésie. Ce n’est donc pas là un problème d’omerta, mais bien de cheminement laborieux de la parole. Et aussi d’invisibilisation. De la même façon que le prêtre a longtemps semblé être au-dessus de tout soupçon, le médecin apparaît à beaucoup intouchable ; c’est la figure rassurante, protectrice par excellence.

Faut-il voir dans la multiplication de ces procès hors norme une tendance à la multiplication des agressions sexuelles ? Non, bien sûr, celles-ci ont toujours existé, mais elles ont longtemps été cachées, voire acceptées en silence. Leur judiciarisation et leur médiatisation sont donc de véritables avancées. Faut-il désormais se méfier de son voisin ? Non, pas question d’entrer dans la société de la suspicion et du flicage. En revanche, ces affaires nous prouvent qu’il ne faut rien laisser passer, la moindre alerte doit être suivie d’une enquête sérieuse. A nous tous de trouver le juste équilibre entre vigilance et liberté.

Libération

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