Nouvelle-Calédonie : Manuel Valls hué par des manifestants anti-indépendance lors de sa visite

Nouvelle-Calédonie : Manuel Valls hué par des manifestants anti-indépendance lors de sa visite

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Avant son départ pour la Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls avait assuré vouloir avant tout «apaiser par le dialogue». Mais à peine arrivé à Nouméa, ce samedi 22 février, le ministre des Outre-Mer a été pris à partie par des manifestants loyalistes. Signe, s’il en fallait encore, du climat tendu dans l’archipel profondément divisé et meurtri par les émeutes de 2024.

L’ancien Premier ministre a ainsi fait ses premiers pas sous les huées de quelque 500 militants non indépendantistes, selon les forces de l’ordre. Après un dépôt de gerbe à la Croix de Lorraine, ponctué par les sifflets, les «non, c’est non !» ou encore «No pasaran», références aux résultats des derniers référendums et à ses origines catalanes, Manuel Valls est allé à la rencontre des manifestants. «Il ne faut pas croire ce que l’on vous dit. Pourquoi vous ne resteriez pas français ?», a-t-il interrogé dans le tumulte.

A l’origine de cette hostilité, les récentes déclarations médiatiques du ministre qui a dit que les accords de Nouméa de 1998 «s’imposent», perçues par une partie de la population comme actant déjà une marche inéluctable du territoire vers la pleine souveraineté. Les principaux partis non-indépendantistes dénoncent un déni des trois référendums d’autodétermination de 2018, 2020 et 2021, tous remportés par le «non» à l’indépendance.

«Je comprends le sentiment de peur qui vous habite», a insisté samedi le ministre face aux manifestants, qui brandissaient notamment une pancarte «Ici c’est la France, droit de vote pour tous». «Je suis venu ici faire des annonces sur l’économie et tenter de reprendre les discussions. Il n’y aura pas d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie sans économie et sans un minimum de paix», a-t-il ajouté.

Mandaté par le Premier ministre François Bayrou, Manuel Valls doit rester une grosse semaine sur ce territoire français du Pacifique sud, où il prévoit de rencontrer les acteurs politiques, économiques et associatifs, mais aussi se déplacer autant que possible.

Il dit s’inscrire dans la continuité des accords de Matignon (1988) et Nouméa (1998), censés mener à «une souveraineté pleine et entière» de la Nouvelle-Calédonie. Le ministre insiste sur le fait que ses récentes déclarations étaient un strict rappel de ce que contient la Constitution française au sujet de l’archipel calédonien.

A l’inverse des loyalistes, les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) voient dans ce déplacement un signe encourageant. Sonia Backès, la présidente anti-indépendantiste de la province Sud, a, pour sa part, indiqué à la presse qu’il «faut désormais sortir des ambiguïtés et que le ministre respecte ceux qui veulent rester français», en référence aux incertitudes liées à la sortie de l’Accord de Nouméa.

«Nous avions prévenu le ministre de ne pas faire de déclaration avant les négociations pour maintenir un climat de discussion serein. La preuve en est», a commenté à l’AFP Nicolas Metzdorf, le député (Ensemble pour la République, constitué autour du parti Renaissance lancé par Emmanuel Macron) non indépendantiste de la 1ère circonscription.

Ce dernier a eu une vive altercation avec Manuel Valls à propos de l’expression «peuple premier», qualifiant les Kanaks comme précisé dans la Constitution, en marge d’un hommage rendu à Nicolas Molinari, un gendarme abattu lors d’un échange de tirs le 15 mai «Tout le monde doit se sentir Calédonien, tout le monde doit se sentir premier en Nouvelle-Calédonie. On est tous sur une même échelle, tous sur un même niveau. A partir du moment où on hiérarchise les populations dans une île, ça ne peut pas fonctionner» a déclaré Nicolas Metzdorf.

Au-delà du volet institutionnel, la visite de Manuel Valls comporte une dimension économique cruciale. Les émeutes de 2024, déclenchées le 13 mai par le projet de dégel du corps électoral calédonien contesté par les indépendantistes, ont fait 14 morts, plus de deux milliards d’euros de dégâts et détruit environ 20 % du PIB local.

Sur fond d’effondrement du secteur du nickel, moteur économique de l’archipel, la crise a fait bondir le chômage avec 11 600 nouveaux demandeurs d’emploi entre le 31 mars et le 31 décembre dans l’archipel de 271 000 habitants, selon les derniers chiffres officiels. Face à ce désastre, le gouvernement promet un soutien massif mais dont les modalités suscitent le débat sur le territoire.

Libération

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