«Tout le monde est très ému ici» : après l’arrestation de Mohamed Amra, le soulagement des familles et des collègues des surveillants pénitentiaires abattus

«Que justice soit faite maintenant». C’est ce que demandent les familles des agents Arnaud Garcia, 34 ans, et Fabrice Moello, 52 ans, tués le 14 mai 2024 au péage d’Incarville lors de l’attaque du fourgon pénitentiaire qui transportait Mohamed Amra. Au lendemain de l’arrestation du narcotrafiquant en cavale à Bucarest en Roumanie, les familles des surveillants pénitentiaires ont fait part de leur «soulagement».

Dans un entretien accordé dans la soirée du samedi 22 février à France Bleu, Dominique Garcia, le père d’Arnaud Garcia, a salué «l’aboutissement d’une enquête qui était menée par les services de police, en collaboration avec Interpol». «Il [ndlr : Mohamed Amra] a été l’investigateur d’un assassinat. Mon fils est mort. Il a une petite fille qui a cinq mois, c’est à cause de lui et de ses collègues qu’elle ne connaîtra jamais son père», a-t-il souligné. Avant d’ajouter : «Que justice soit faite, qu’il reconnaisse les faits, ce serait une justice morale pour nous». Et de rappeler également qu’il a «fallu cet assassinat pour remettre en question certaines conditions d’extraction [des détenus des prisons, ndlr]. Et il faut que tout le monde en prenne conscience».

«Plus de 9 mois après l’assassinat barbare d’Arnaud Garcia, l’arrestation de Mohamed Amra est évidemment un immense soulagement pour sa famille», ont pour leur part réagi Pauline Ragot et Thibault de Montbrial, les avocats de la veuve d’Arnaud Garcia. Même «premier soulagement» pour la veuve et les deux fils de Fabrice Moello. «Nous saluons le travail des enquêteurs et des juges d’instruction. […] Il convient que les investigations se poursuivent sereinement et que la famille continue d’être préservée», a ajouté leur avocat Me Matthieu Chirez.

Chez les surveillants pénitentiaires, la nouvelle de l’arrestation du fugitif a également été saluée. «Tout le monde est très ému ici», a souligné Olivier Duval, surveillant pénitentiaire de Caen-Ifs et collègue des deux hommes abattus lors de l’évasion. Avant d’ajouter : «On espère surtout qu’ils vont aussi le faire parler pour récupérer les autres (membres du commando, ndlr) car ce sont eux qui ont tiré.» «N’oublions pas que les membres du commando sont toujours dans la nature. Leur arrestation est également espérée très rapidement», a précisé Wilfried Fonck secrétaire national Ufap Unsa Justice.

En visite au Salon de l’agriculture à Paris, le président de la République Emmanuel Macron a aussi salué «un formidable succès», rendu possible par la coopération des services d’enquête français et européens. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, en poste à Beauvau au moment de l’évasion mortelle, a estimé qu’«à la fin, la Police et la Justice gagnent toujours». Le garde des Sceaux s’est également entretenu par téléphone avec les familles des victimes. Son prédécesseur place Vendôme Éric Dupond-Moretti a, lui, évoqué un «immense soulagement» : «il est temps qu’Amra paye pour ses crimes !»

Samedi soir, sur le plateau du journal de 20 heures de TF1, Bruno Retailleau s’est félicité du travail «extraordinaire» réalisé par les services de police et les magistrats. Puis, il a adressé un message aux narcotrafiquants : «j’avais dit il y a quelques mois […] ça prendra du temps mais on l’aura. Ce soir, on l’a eu. Ce que je veux dire à tous ces narco racailles, à tous ces criminels de grand chemin, c’est que partout nous les traquerons. Nulle part ils ne seront en sécurité», a-t-il souligné.

Dimanche, le narcotrafiquant le plus recherché de France a accepté sa remise aux autorités françaises alors qu’il était présenté à une juge à Bucarest. Il «ne reconnaît pas les faits commis mais souhaite respecter la décision des autorités françaises qui veulent le juger», a déclaré son avocate Maria Marcu à la sortie de l’audience. S’ouvre donc un temps d’échange entre la France et la Roumanie sur les conditions du transfert, pour qu’il soit réalisé en toute sécurité.