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Pour soutenir l’Ukraine, il va falloir couper le cordon avec les Etats-Unis. Au lendemain de sa victoire aux élections législatives allemandes, Friedrich Merz demande ce lundi 24 février à ce que l’Ukraine fasse partie de «négociations de paix» pour mettre un terme à la guerre sur son sol. «Pour obtenir une paix juste, le pays agressé doit faire partie de négociations de paix», estime sur X le futur chancelier, à l’heure où les Etats-Unis discutent directement avec la Russie sans se sourcier de Kyiv.
Fervent partisan de l’aide militaire à l’Ukraine, Friedrich Merz avait déjà affirmé la veille que l’une de ses «priorités absolues» était le renforcement de la défense européenne afin que le Vieux continent atteigne «progressivement l’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis». Face au gouvernement américain qui «se montre largement indifférent au sort de l’Europe», celui qui est appelé à former le prochain gouvernement a évoqué, à la télévision ARD, «une capacité de défense européenne autonome» comme alternative à «l’Otan dans sa forme actuelle».
L’avenir de l’alliance militaire de l’Otan, mise en place en 1949 pour assurer une protection mutuelle aux pays occidentaux, est à un tournant, a estimé Friedrich Merz. «Je suis très curieux de voir comment nous nous dirigerons vers le sommet de l’Otan fin juin, et si nous parlerons encore de l’Otan dans sa structure actuelle. Ou si nous devons très rapidement établir une capacité de défense européenne autonome», a-t-il dit. «Je ne me fais aucune illusion sur ce qui se passe là-bas en Amérique», a encore ajouté le futur chancelier.
La relation avec les Etats-Unis traverse une passe particulièrement délicate, les initiatives de Donald Trump sur la guerre en Ukraine inquiétant les Européens. En quelques jours, le président américain a jugé l’Ukraine responsable du conflit, ouvert des pourparlers avec Moscou sans participation ukrainienne ou européenne et qualifié son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de «dictateur».
Ce dernier a appelé ses alliés européens au sursaut face à la Russie, les exhortant à créer une armée commune pour éviter un accord forgé par les Américains «dans le dos» de l’Ukraine. Il a par ailleurs félicité Friedrich Merz pour sa victoire électorale, affirmant qu’il espérait travailler avec l’Allemagne pour «renforcer l’Europe». «Nous sommes impatients de poursuivre notre travail conjoint avec l’Allemagne pour protéger des vies, rapprocher une véritable paix de l’Ukraine et renforcer l’Europe», a-t-il écrit sur X.
Les gouvernements allemands, conservateurs ou sociaux-démocrates, s’étaient montrés ces dernières années peu réceptifs à l’idée, poussée par la France, d’une autonomie stratégique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a déclaré dimanche soir «se réjouir» de travailler avec Friedrich Merz en cette «période cruciale» pour la sécurité du continent. L’Allemagne est le pays européen qui compte le plus de forces américaines déployées de façon permanente sur son sol : ils étaient près de 35 000 en 2024.
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