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On vous l’avait dit : c’est cafard. La société Ynsect, spécialisée dans la production de protéines à base d’insectes, vient de demander son placement en redressement judiciaire devant le tribunal de commerce d’Evry, dans l’Essonne, actant l’échec de son plan de sauvegarde, «en dépit des négociations et travaux poussés qui y sont intervenus», selon un porte-parole de l’entreprise cité par l’AFP. L’ancien champion de la French Tech, qui a levé près de 500 millions d’euros depuis sa création en 2011, avait lancé un appel à des investisseurs ou des repreneurs. Les candidats avaient jusqu’au 17 février pour se manifester. Aucun dossier n’a été déposé.
En demandant à convertir sa procédure de sauvegarde en redressement judiciaire, elle espère «offrir aux candidats repreneurs potentiels qui ont manifesté des marques d’intérêts, ainsi qu’à tout nouveau, un cadre juridique différent et adapté à une reprise rapide des activités de l’entreprise», assurant être «plus que jamais en recherche active d’un ou plusieurs repreneurs». Plusieurs noms ont été évoqués pour assurer la survie de l’entreprise : Nestlé, selon les Echos ; Mars, selon l’Usine nouvelle ; ou encore un fonds singapourien avec qui Bpifrance pourrait partager le risque, selon le site Maddyness. L’ancien espoir de la transition écologique aurait besoin d’environ 130 millions d’euros, selon les Echos.
«Ynsect a vu trop gros, trop vite, analysait Tom Bry-Chevalier, doctorant en économie de l’environnement au Bureau d’économie théorique et appliquée (Beta), coauteur d’une étude sur les élevages d’insectes, auprès de Libération. Ils ont été poussés par les investisseurs, les politiques ont parié gros sur eux, il y a eu un soutien total du gouvernement. Quand on soulève autant d’espoir, c’est difficile de revenir en arrière sur la stratégie.»
L’annonce intervient dans un contexte difficile pour les start-up industrielles, le secteur de l’élevage d’insectes en particulier. Fin janvier, un autre pionnier du secteur, Agronutris, annonçait son placement en procédure de sauvegarde pour «stabiliser sa situation financière», indiquant que «l’accès au financement est rendu plus difficile par un contexte économique incertain et des investisseurs freinés par l’actualité du secteur et les annonces faites récemment par d’autres acteurs industriels». Souci de trésorerie confirmé par un porte-parole de Ynsect auprès de France 3 Franche-Comté en janvier : «C’est compliqué de trouver de l’argent quand on est une start-up industrielle, car le marché des capitaux s’est retourné il y a deux ans et demi. Les investisseurs sont allés notamment vers l’intelligence artificielle.» Et le plug, baby, plug a remplacé le bug, baby, bug…
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