Malcom Ferdinand : «Le chlordécone est un révélateur de l’habiter colonial en Guadeloupe et Martinique»

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Interview

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Pour le chercheur au CNRS Malcom Ferdinand, la pollution par cet insecticide révèle une façon destructrice, raciste et patriarcale d’être sur Terre. Dans son dernier livre, il analyse ce système qui conditionne aujourd’hui encore un certain rapport au monde.

Une molécule naît du lien entre plusieurs atomes ; elle peut à son tour lier plusieurs acteurs. En retraçant minutieusement les connexions tissées autour du chlordécone, ce pesticide officiellement utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles, principalement dans les plantations de banane, c’est toute une société qui se révèle sous un jour nouveau. Il aura fallu plus de dix ans d’enquête au docteur en sciences politiques Malcom Ferdinand, né en Martinique, pour proposer S’aimer la Terre. Défaire l’habiter colonial (Seuil, 2024). Ce petit pavé richement documenté, intelligent et stimulant, applique le principe d’une écologie décoloniale, théorisée par Ferdinand dans un précédent livre, qui croise sévices environnementaux et domination raciale. Le «scandale chlordécone» n’est dès lors plus celui d’une molécule, mais d’un système historiquement structuré sur un modèle colonial, qui conditionne aujourd’hui encore un certain rapport au monde.

Comment analysez-vous les «émeutes de la faim» qui secouent la Martinique : sont-elles des résurgences de ce que vous appelez des «mobilisations antitoxiques» ?

La question coloniale est au centre de ce qu’il se passe en Martinique, que je ne qualifierai d’ailleurs pas «d’émeutes», ce qui

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