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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a annoncé en sortant du sommet de Londres sur l’Ukraine ce dimanche 2 mars : elle présentera jeudi à Bruxelles «un plan global sur la manière de réarmer l’Europe» lors d’une réunion spéciale de l’UE sur la défense. Avec comme mot d’ordre principal la nécessité d’augmenter les dépenses de défense «sur une période prolongée». Voici d’autres déclarations officielles qui vont dans le sens d’une nouvelle course européenne à l’armement.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé ce dimanche un nouvel accord qui permettra à Kyiv d’acheter 5 000 missiles de défense aérienne fabriqués à Belfast, en Irlande du Nord, pour un montant de 1,6 milliard de livres sterling (près de 2 milliards d’euros). Le nouvel accord «donnera un coup de pouce majeur à l’économie britannique et soutiendra 700 emplois existants chez Thales à Belfast, qui fabriquera plus de 5 000 missiles légers multirôles (LMM) pour la défense de l’Ukraine», a-t-il déclaré. Grâce à cet accord, la production de LMM dans l’usine de Thales sera triplée et bénéficiera également aux entreprises sous-traitantes à travers le Royaume-Uni, s’est félicité Starmer. Le nouveau contrat de financement à l’exportation «permettra à l’Ukraine de mobiliser 3,5 milliards de livres sterling de financement à l’exportation pour acquérir du matériel militaire auprès d’entreprises britanniques», a encore précisé le Premier ministre britannique.
Keir Starmer a d’autre part confirmé que «les alliés européens de l’Ukraine» entendent maintenir l’aide militaire à Kyiv, et que ce budget proviendra «des actifs saisis à la Russie». Plus prudent, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a fait état d’un désaccord entre les pays de l’UE sur l’utilisation des avoirs russes, certains pays ayant selon lui exprimé la crainte des implications «sur le système bancaire européen» et même sur «le cours de l’euro». Tusk a rappelé que la contribution de la Pologne à l’Otan était pour l’instant la plus élevée des états membres, 4,7% de son PIB, et a ajouté qu’il était heureux «que de plus en plus de pays aillent au-delà des mots et des déclarations pour augmenter leurs dépenses militaires».
L’édito de Dov Alfon
Dans une interview au Figaro ce dimanche soir, le président français a appelé à tirer rapidement les conséquences du désengagement américain, en investissant lourdement dans l’Europe de la défense. «Depuis trois ans, les Russes dépensent 10% de leur PIB dans la défense. On doit donc préparer la suite», alerte-t-il, en fixant un objectif «autour de 3,5 % du PIB», contre 2% pour l’instant en France, enjeu clé pour lui du sommet européen extraordinaire prévu jeudi. «Je veux qu’on puisse donner mandat à la Commission d’utiliser des financements innovants, a précisé le chef de l’Etat. C’est-à-dire soit des emprunts communs, soit le Mécanisme européen de stabilité [qui permet de secourir un Etat en cas de défaillance financière, ndlr], pour lever ensemble des montants considérables. Il nous faut sans doute, dans un premier temps, 200 milliards d’euros pour pouvoir investir.»
Interrogé sur le sujet de la contribution canadienne à l’Otan, qui est en dessous de l’objectif minimum de 2% du PIB (1,37% selon les derniers chiffres), le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré : «Le monde a changé», car «l’époque de paix que nous avons connue après la guerre froide est révolue». Il a ajouté : «Il est désormais nécessaire que les pays dépensent beaucoup plus en matière de défense, et le Canada ne fait pas exception.»
Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a confirmé ce dimanche que des pays européens vont «intensifier leurs efforts», tant en ce qui concerne leurs propres dépenses que leur soutien à l’Ukraine. Il a souligné que certains pays ont déjà fait des déclarations publiques sur l’augmentation de leurs dépenses de défense et ajoute : «J’ai toutes les raisons de croire que d’autres annonces suivront», probablement jeudi. «Aujourd’hui, autour de la table, j’ai entendu de nouvelles annonces, et je ne vais pas vous les révéler, car ce sont aux pays concernés de le faire, mais c’était une très bonne nouvelle que davantage de pays européens augmentent leurs dépenses de défense», a-t-il déclaré.
Interrogé par Sky News, Rasmus Jarlov, président de la commission de la défense du parlement danois, a critiqué certains pays européens «qui n’en font pas assez» selon lui pour renforcer la défense européenne. «Il n’y a aucune comparaison possible entre les économies de l’Europe et de la Russie. L’Europe est environ quinze fois plus puissante économiquement», a-t-il rappelé, concluant que si l’Europe décidait de «se bouger et aider l’Ukraine», il n’y aura «qu’un seul résultat : une victoire ukrainienne». Jarlov a appelé les dirigeants européens à «arrêter de parler, arrêter de tweeter, et passer aux actes en y mettant le prix pour envoyer des armes à l’Ukraine dès maintenant».
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