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Un peu plus d’un mois après la mort d’Elias, 14 ans, des suites d’une agression au couteau par deux adolescents, un plan pour endiguer le port des armes blanches chez les mineurs a été présenté mardi 4 mars à Paris. Axé sur la prévention, il réunit préfecture de police de Paris, mairie, académie et parquet.
Le préfet de police Laurent Nuñez a cité comme l’un des axes principaux la prévention auprès des établissements scolaires. «On va la poursuivre, on va l’amplifier et insister sur cette thématique des armes blanches», a-t-il spécifié. «On entend parfois qu’une arme blanche c’est pour se défendre : c’est une très grande erreur, car dans un moment d’énervement, d’exaspération, un adolescent peut s’en servir et perdre le contrôle», a martelé devant la presse le recteur de l’académie de Paris, Bernard Beignier.
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Le recteur a rappelé les propos récents de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne : «Il y aura des fouilles inopinées des cartables, des sacs» et les élèves pris avec une arme blanche «seront traduits devant un conseil de discipline et feront l’objet d’un signalement au procureur». Pourquoi pas des fouilles systématiques ? «Ce serait matériellement impossible», a-t-il concédé.
La ville de Paris, par la voix de Nicolas Nordman, adjoint à la maire chargé de la sécurité, s’est engagée pour sa part à «doubler» les effectifs de son équipe de médiation, présente aux abords des établissements scolaires. L’idée est que ces médiateurs, vêtus de bordeaux, «puissent évidemment être présents pour délivrer des messages de prévention mais aussi être présents pour pouvoir agir notamment lorsque des rixes sont annoncées», a-t-il souligné.
Le préfet de police souhaite également mener des actions «auprès des armureries», auxquelles il faut rappeler «un certain nombre de règles». Notamment que les armes blanches «par nature» sont interdites à la vente aux mineurs (comme un poignard, catégorie d’armes distinctes d’armes dites «par destination», nées pour un autre usage, comme un tournevis).
Pour justifier son plan, le préfet de police Laurent Nuñez a mis en exergue deux données. Tout d’abord, le «nombre d’armes blanches saisies en 2024 par les services de police de l’agglomération parisienne : 6 500, contre 6 000» en 2023. «Il y a plus de personnes qui portent des armes blanches, dont des mineurs», a-t-il insisté, sans rentrer davantage dans les statistiques. «On est souvent confronté à des jeunes qui portent des armes blanches et qui disent que c’est pour se défendre. Ce qui est quand même très inquiétant», a déploré l’ex-secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur.
La procureure de Paris, Laure Beccuau s’est elle aussi alarmée. «Alors qu’on va trouver un mineur qui va transporter une lame de 40 cm, il ne va pas trouver que c’est plus grave qu’un petit couteau pliable : il y a une banalisation de ce qui va pouvoir se passer après».
Dans l’affaire Elias, l’un des deux adolescents mis en examen après la mort du collégien a reconnu lui avoir asséné un coup avec «une lame ‘‘zombie killer’’», appellation tirée des films d’horreur, soit une «machette coupecoupe, manche encordé avec une lame de 44,5 cm», selon une source proche du dossier. Il a expliqué avoir acheté cette machette sur internet «deux ou trois mois» avant les faits, selon cette même source.
L’autre indicateur important aux yeux du préfet de police est «le phénomène des rixes entre jeunes», avec un «âge moyen qui ne cesse de baisser : 17 ans l’année dernière, 16 ans cette année» dans l’agglomération parisienne.
Si deux adolescents de 16 et 17 ans sont mis en examen pour la mort d’Elias, le préfet de police Laurent Nuñez ne veut toutefois pas faire du mineur l’ennemi public numéro 1. Il a rappelé lors de sa conférence de presse mardi que la part de cette tranche d’âge dans la délinquance est en baisse, autour de 10 %, contre 21 % en 2019, dans l’agglomération parisienne.
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