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«C’était comme redécouvrir son histoire». 40 ans après la mort de l’alpiniste argentin Guillermo Vieiro dans une dernière expédition dans les hautes montagnes de la cordillère des Andes, ses deux filles ont réussi à récupérer son sac à dos en février, jusqu’ici prisonnier des glaces. A l’intérieur : une veste, un sac de couchage, une gourde, de l’aspirine, des comprimés de vitamine C, des couteaux, et surtout, deux bobines de film d’une caméra Super 8. Ces précieuses pellicules, en bon état malgré le temps passé et les conditions extrêmes dans lesquelles elles ont reposé, ont permis à sa famille d’en savoir plus sur les derniers instants de l’aventurier.
Guillermo Vieiro n’avait que 44 ans lors de sa mort en 1985 en descendant les pentes enneigées du volcan argentin Tupungato, haut de plus de 6 500 mètres à la frontière chilienne. Il était alors accompagné de son partenaire de cordée Leonardo Rabal, 20 ans, lui aussi mort dans l’expédition. Leurs corps avaient été récupérés, mais pas toutes leurs affaires. Mais l’année dernière, leur histoire refait surface lorsqu’une alpiniste repère le fameux sac à dos, dont elle n’a pu extraire de la glace que la caméra Super 8 (sans les bobines) et un piolet.
L’identifiant comme ayant appartenu à Guillermo Vieiro, elle a alors contacté les filles de l’alpiniste. En février, à la faveur de l’été austral, Guadalupe et Azul Vieiro, 40 et 44 ans, se sont ainsi lancées dans une expédition filmée de 11 jours pour récupérer le sac réapparu à 6 100 mètres d’altitude. Sur les traces de leur père, notamment connu pour avoir gravi à plusieurs reprises les pentes de l’Aconcagua, point culminant de la cordillère des Andes, à 6 962 mètres. «Dans ma famille, le mot «montagne» a toujours été interdit. Ma mère ne veut rien avoir à faire avec la découverte de ce sac à dos. C’est une famille qui a été brisée par le chagrin, par le vide», a déclaré à l’AFP Azul Viero, qui n’avait que quatre ans à la mort de son père.
Grâce aux photos et vidéos, elles en savent un peu plus. Les images ont montré que Guillermo Vieiro et Leonardo Rabal avaient été les premiers alpinistes au monde à atteindre le sommet du Tupungato par sa face est, la plus difficile. Sur une des photos partagées par la famille le 28 février dernier, on les voit, bras dessus bras dessous en chaussures de randonnées et en polaire rouge, baignés de la lumière du soleil. Sur une autre, on les voit installer leur tente sur cette fameuse face est, sur les arêtes glacées de la montagne, au bord du précipice. Cette pente n’aurait jamais été gravie à nouveau.
«Spirituellement, cela était comme un signe : “Je suis toujours là, j’existe. Vous n’êtes pas seules”», se réjouit Azul Vieiro. Entre les images de paysages de montagne, des photos tout sourire de Guillermo Vieiro, entouré d’autres randonneurs, témoignent de la passion de leur père pour l’alpinisme. «Ma mère ne nous a jamais vraiment dit qui il était. Nous savions qu’il était mort en montagne et qu’il était alpiniste, mais pas grand-chose de plus. Donc, c’était comme redécouvrir son histoire», poursuit-elle. Les deux sœurs vont offrir les affaires retrouvées de leur père à un musée afin de «partager un morceau de l’histoire de l’alpinisme argentin».
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