Les territoires, dernier bastion du «vivre ensemble»

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«Renouveler notre pacte social, un défi pour les territoires.» Tel était l’objet du colloque de deux jours (dont Libération est partenaire) organisé par le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) à Rouen, réunissant des élus et agents publics territoriaux, mais aussi des chercheurs et sociologues… Avec une ambition : raviver la «cohésion sociale» et ce fameux «vivre ensemble» (1).

Premier thème invoqué : la proximité. «Quand ce monde bascule, le quotidien de proximité prend une dimension encore plus importante. On a besoin de se raccrocher à quelque chose de l’ordre de l’homéostasie diraient les biologistes. Une sorte de stabilité locale qui nous permet de se dire que quand tout tangue, il y a encore des repères. Et ces repères ce sont nos territoires» a ainsi plaidé Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen qui a lancé mardi le colloque. Propos partagés par Yohann Nédélec, président du CNFPT et adjoint au maire de Brest. «Notre système démocratique est contesté, nos valeurs sont remises en cause, la science est attaquée. Finalement on ne croit plus en rien ! C’est pour cela qu’il est essentiel de questionner et de réinventer les fondements de notre cohésion sociale et de notre vie démocratique».

Face à ce «désamour» des Français, à cette «défiance» des citoyens vis-à-vis de l’État, de ses institutions, voire de la politique, les collectivités territoriales, de l’avis de tous, sont les mieux placées pour tenter de renouer avec ceux qui «ne croient plus en rien».

A travers trois conférences donnant à la parole à des experts, chercheurs, élus et agents territoriaux, mais aussi grâce à une vingtaine d’ateliers consacrés à des thématiques précises, «comprendre le déni démocratique», «l’implication des jeunes», «les assemblées citoyennes», «la mobilité au cœur de la cohésion» ou «la sécurité», les participants ont pu échanger leurs expériences et pointer l’urgence.

En témoigne ce chiffre alarmant : «24 % des Français disent ne pas avoir le sentiment de faire partie de la société française» (Source Enquête Fractures françaises novembre 2024), rappelle Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Quelques chiffres encourageants tout de même : le sursaut de participation aux dernières législatives (62 %). «Quand l’heure est grave, on constate un réflexe de force réactivée», souligne Jérôme Fourquet. Autre force, la puissance du tissu associatif avec comme le rappelle la sociologue Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, 1,4 million d’associations et 20 millions de bénévoles en France.

Les élus présents ont aussi rappelé l’importance du débat dans la vie démocratique. «On ne sait plus débattre», a constaté Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF (association des maires de France). D’où la nécessité de réapprendre à dialoguer et à ouvrir des espaces de discussions, de concertation et surtout de «coconstruction». Comme le souligne le chercheur Dorian Dreuil de la Fondation Jean-Jaurès, le «aller vers» ne suffit plus, il faut s’orienter vers le «faire avec». «A chacun d’inventer sa méthode», estime le maire d’Allons, Christophe Iacobbi. «Mais surtout ne pas faire semblant», insiste Christophe Bouillon, maire de Barentin. Et pour cela «nous devons nous former à ces nouveaux systèmes démocratiques», conclut Séverine Battin, directrice générale des services du départ de l’Isère. Le «Faire avec» ça ne s’improvise pas…

(1) Enquêtes, reportages, tribunes…. Un supplément de douze pages sur ces thématiques sera publié dans Libération le 16 avril.

Libération

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