Election américaine 2024 : Faut-il croire les sondages sur la présidentielle ?

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Peu après le retrait de Joe Biden et l’arrivée en fanfare de Kamala Harris dans la campagne présidentielle fin juillet, un interlocuteur nous conseillait de nous méfier du bond de popularité dont bénéficiait la vice-présidente dans les sondages. Trois mois plus tard, et à deux semaines du scrutin, le conseil est d’autant plus pertinent.

Car si le monde entier – ou presque – a les yeux rivés sur les sondages qui rythment la campagne, dans l’espoir de prédire l’avenir démocratique des Etats-Unis, ces enquêtes d’opinion doivent être analysées avec beaucoup de précaution. « Les sondages se trompent plus souvent aux Etats-Unis qu’en France quand il s’agit de prédire un scrutin présidentiel », assure Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine et auteur de Les mots de Trump (Ed. Dalloz, 2024).

Les pires sondages en quarante ans

Il y a quatre ans, lorsque Joe Biden l’a emporté malgré les accusations de fraude – infondées – de son adversaire Donald Trump, les instituts de sondage n’ont globalement pas brillé. Il s’agissait des estimations les plus erronées depuis une quarantaine d’années, selon un groupe de travail convoqué par l’Association américaine pour l’étude de l’opinion publique.

« Les sondages par “access panel” prévoyaient une victoire de Joe Biden avec 55 % des voix, alors qu’il en a obtenu 52,2 % », explique Claire Durand, professeure de sociologie à l’Université de Montréal. L’ancienne présidente de l’Association mondiale pour la recherche sur l’opinion publique (WAPOR) explique que la fiabilité des sondages dépend notamment de leur méthodologie. Or l’« access panel », c’est-à-dire à partir de bases de données sur Internet, « n’est pas la meilleure méthode notamment parce que les répondants sont des personnes qui s’autosélectionnent », souligne-t-elle. Cette méthode, peu coûteuse, reste très répandue.

Une poignée de votes qui peut tout changer

Quatre ans plus tôt, les sondages avaient déjà fait polémique outre-Atlantique. En 2016, ils prédisaient la victoire d’Hillary Clinton. Elle a certes remporté le vote populaire avec plus de 3 millions d’avance sur Donald Trump, mais la démocrate n’a au final pas remporté la course. En effet, le système démocratique américain est un scrutin indirect à un tour. Chaque Etat (à l’exception du Maine et du Nebraska) donne la totalité de ses grands électeurs au vainqueur.

« Même si un camp l’emporte avec 50,02 % des voix, il remporte la totalité des grands électeurs de l’Etat », explique Jérôme Viala-Gaudefroy, qui estime que « le vote minoritaire n’est pas du tout représenté ». Votre voix est en effet invisible si vous êtes un démocrate au Texas ou un républicain en Californie, des Etats chacun acquis à l’autre bord politique.

« En 2020, Biden a gagné la Géorgie à moins de 12.000 voix. Vous ne pouvez pas prédire ça, c’est impossible », illustre Jérôme Viala-Gaudefroy. »

Bien plus qu’à l’échelle du pays, l’élection se joue donc au niveau des Etats, et plus particulièrement des swing states. Ces Etats-clefs sont ceux qui peuvent basculer du côté démocrate comme républicain d’une élection à l’autre. Et parfois, tout se joue à quelques dizaines de milliers de voix seulement. Un casse-tête pour les sondeurs. « En 2020, Biden a gagné la Géorgie à moins de 12.000 voix, l’Arizona 10.000 voix. Vous ne pouvez pas prédire ça, c’est impossible », illustre Jérôme Viala-Gaudefroy.

« On est toujours dans la marge d’erreur »

« Je suis opposée à cette tendance qui s’est développée ces dernières années aux Etats-unis et qui consiste à faire des probabilités de vainqueur, explique Claire Durand. C’est extrêmement dangereux parce que les gens n’interprètent pas la probabilité comme un élément statistique. S’ils voient plus de 50 %, ils pensent que la personne va gagner et surestiment le pouvoir de cette statistique. » Prendre les sondages pour argent comptant est d’autant plus dangereux qu’ils sont souvent dans la marge d’erreur. « En 2016, huit des 13 derniers sondages étaient dans la marge d’erreur », rappelle Claire Durand.

Pour cette campagne présidentielle 2024, « on est actuellement dans la marge d’erreur, de trois ou quatre points [de plus ou de moins], soit huit points au maximum », abonde Jérôme Viala-Gaudefroy. « Il y a de grandes chances d’avoir une élection serrée, mais on pourrait avoir une surprise », ajoute-t-il en concluant : « Personne ne sait ce qu’il va se passer. » Même les sondages.

20 Minutes

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