Quand le corps fabrique ses propres antibiotiques

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Et si le corps humain produisait ses propres antibiotiques ? C’est le résultat – étonnant – auquel a conclu une équipe de recherche israélienne dans un article publié dans la prestigieuse revue Nature ce mercredi 5 mars. «C’est vraiment excitant, car nous n’avions aucune idée que cela se produisait», commente l’autrice de l’étude, Yifat Merbl, professeure à l’Institut des sciences Weizmann, auprès de la BBC.

Qu’a-t-elle découvert au juste ? Avec son équipe, elle s’est intéressée au protéasome, un système de gestion des déchets des cellules humaines. Le rôle de cette structure, présente à l’intérieur des cellules, consiste entre autres à couper les protéines trop vieilles, pour les recycler. «Sans lui, le vieillissement de la cellule serait prématuré», assure l’Inserm sur son site Internet. Tout commence lorsque l’équipe de Yifat Merbl remarque que certaines parties des protéines humaines avaient toutes les caractéristiques pour avoir une activité antibactérienne. Appelés peptides antimicrobiens, ces éléments ne peuvent avoir une activité que s’ils sont détachés du reste de la protéine. Justement, casser les protéines en petits bouts, c’est le boulot du protéasome.

Yifat Merbl et ses chercheurs ont donc voulu mesurer l’influence du protéasome lors des infections. Pour ce faire, ils ont isolé des cellules humaines avec une bactérie, une salmonelle, pour voir comment se passait une infection. Ils ont ensuite placé les salmonelles sur des cellules humaines privées de protéasome. Dans ce cas-là, les infections étaient plus intenses. Il semblerait donc bien que le protéasome joue un rôle pour limiter l’infection. Au cour de ses travaux, l’équipe s’aperçoit également que les cellules dont le protéasome était toujours efficace émettaient dans leur environnement des composants antibactériens. Des composants que l’équipe a pu isoler pour prouver leur caractère antibiotique, à la fois sur des cellules in vitro et chez des souris malades.

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Alors que la recherche médicale est toujours en quête de nouvelles molécules pour dépasser l’adaptation permanente des bactéries, cette découverte «est une mine d’or potentielle pour de nouveaux antibiotiques, c’est très excitant», a commenté pour la BBC, Lindsey Edwards, microbiologiste au King’s College de Londres. Un enthousiasme tempéré par le professeur d’immunologie à l’Imperial College de Londres, Daniel Davis, toujours auprès de la BBC, pour qui l’utilisation de ce mécanisme pour créer de nouveaux médicaments «doit encore être testée» et prendra du temps.

Invité à commenter cette découverte dans Nature, le biologiste Tim Clausen, de l’Institut de pathologie moléculaire de Vienne, a proposé d’autres applications. Par exemple, apprendre à moduler l’action du protéasome pour d’augmenter les capacités du corps à se défendre, et donc, réduire le recours aux antibiotique. Le chercheur souligne aussi l’importance de bien comprendre comment ce mécanisme peut être détourné par les virus, champions du piratage de la machinerie cellulaire. Pour Tim Clausen, cette découverte va permettre de «mieux comprendre la dynamique des coinfections et comment des agents pathogènes peuvent favoriser – ou supprimer – des infections secondaires», écrit-il. C’est donc bien un nouveau champ de recherche prometteur qu’a ouvert Yifat Merbl, et son équipe.

Libération

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