Du pétrole dans nos assiettes ? Nos révélations sur un solvant invisible utilisé depuis des décennies qui inquiète les experts

L’hexane, un solvant utilisé pour fabriquer de l’huile, de la margarine ou du lait infantile, se retrouve sous forme de résidus dans nos estomacs sans figurer sur l’étiquette des produits. Alors que les doses limites pourraient être dépassées pour les enfants, l’agence sanitaire européenne Efsa invite à réévaluer la sécurité du vieux produit chimique.

Ce matin du 10 octobre, Christian Cravotto, apprenti chercheur italien venu achever ses études à l’université d’Avignon auprès d’un ponte de la chimie verte, soutient sa thèse. Dans l’amphithéâtre, une ombre plane. Le professeur Chemat, premier directeur de mémoire du doctorant, inventeur de brevets et auteur d’articles scientifiques abondamment cités par ses confrères, est décédé l’an dernier. Il rêvait de révolutionner certains procédés industriels en substituant des molécules végétales à des hydrocarbures. Sa mort, à 54 ans, ne lui en a pas laissé le temps, mais son héritage intellectuel survit. C’est pourquoi Christian Cravotto accepte de raconter à Libération la découverte fortuite faite durant sa thèse. Le projet initial était de tester l’efficacité d’un nouveau solvant vert, tout en vérifiant qu’il était inoffensif, mais voilà que le côté obscur du solvant classique, l’hexane, est apparu au révélateur du bio. Quand on lui demande s’il croit avoir débusqué un scandale sanitaire en puissance, le chimiste turinois de 26 ans, titulaire d’un diplôme de pharmacie, hausse les épaules : «Je ne suis pas un lanceur d’alerte mais un chercheur. C’est un problème un peu caché. Le premier à s’en être aperçu, celui qui avait compris avant tout le monde, c’est Farid Chemat.»

Le défunt chercheur avait pris en grippe le pétrole en général, et