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Ici, chez Gallimard, on appelle un chat un chat, contrairement à ce qui se fait parfois sur les estrades, ou sur les plateaux de télévision. Non, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal n’est pas simplement emprisonné pour ses idées. Il est, comme le martèle son avocat français, François Zimeray, «clairement l’otage de la relation dégradée entre Paris et Alger» et «l’objet d’une persécution».
En ouvrant le point presse organisé dans un salon de Gallimard, ce mardi 11 mars, Antoine Gallimard, directeur de la maison qui publie Sansal, précise que les rumeurs qui ont circulé ces dernières semaines ne lui ont pas été confirmées : il ne sait pas si Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, ni s’il a décidé d’interrompre les soins dont il bénéficie – l’écrivain est atteint d’une maladie grave. En revanche, Antoine Gallimard sait que Sansal se trouve encore à l’hôpital, qu’il reçoit de façon irrégulière la visite de son épouse, et qu’il a subi des pressions pour changer d’avocat. Des soirées de soutien et d’autres conférences de presse seront organisées tant qu’il ne sera pas libéré. Dans les prochains jours, c’est à Nice et à Strasbourg que des gens se réuniront pour réclamer sa libération.
Après Antoine Gallimard, et après quelques mots improvisés par Kamel Daoud, François Zimeray prend la parole : «J’ai fait preuve d’une pondération qui n’a pas toujours été comprise ; je ne voulais rien dire ni faire qui pourrait se retourner contre Boualem Sansal.» Quatre mois après avoir demandé un visa pour rendre visite à son client, Zimeray n’a pas obtenu de réponse, n’a pas accès au dossier de son client, n’a plus aucune nouvelle de lui et n’a pas pu voir les charges qui pèsent contre lui. Il a décidé de changer de stratégie, lui qui, au début, n’a pas voulu croire que seul le rapport de force serait efficace : «Je reconsidère la situation», étant donné que «la défense de Boualem Sansal est aujourd’hui impossible». Dès mercredi 12 mars, François Zimeray saisira «les procédures spéciales des Nations unies» car les traités définissant les procès équitables sont violés et que la détention de l’écrivain est arbitraire.
«Le quai d’Orsay est-il au courant de votre démarche ?» demande un journaliste présent dans la salle. «Pas encore mais il va l’être, je compte sur vous», répond en souriant l’avocat, précisant que les relations diplomatiques entre les deux pays sont telles que, paradoxalement, le ministère des Affaires étrangères n’est sans doute pas le mieux placé pour obtenir la libération de Sansal. Zimeray est en colère : «Un couvercle d’intimidation a été mis sur Boualem Sansal et sur ses proches.» Il pointe la lâcheté du pouvoir algérien, qui n’accorde pas à son prisonnier ses droits fondamentaux. Il pense saisir également la commission des droits de l’homme de l’Union africaine et l’UNESCO. Il espère que l’Algérie, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, n’appréciera pas que son image soit altérée par ces saisines. Antoine Gallimard met fin à cette demi-heure en précisant que, sur les réseaux sociaux algériens, Boualem Sansal est présenté comme l’ennemi public numéro 1. «Il est diabolisé.»
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