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Les veilleurs, c’était le nom qu’avait choisi en 2013 cette petite nébuleuse, largement peuplée de catholiques intégristes, qui s’opposait par des sit-in au mariage des homosexuels, à la GPA et à la phynance : Nuit debout, tendance réac. Les cinq personnes rencontrées par la journaliste franco-finlandaise Taina Tervonen sont des veilleurs d’un tout autre genre. Depuis leur appartement ou leur maison, quelque part en France ou ailleurs, anonymement et discrètement pour quatre d’entre eux, ils font ce qu’ils peuvent, bénévolement, obstinément, pour aider et lutter contre la mort ou l’oubli de ces nouveaux damnés de la terre et de la mer : les migrants subsahariens. Marie Dupont (un pseudonyme), sur son lit d’hôpital, continue d’agir en douce, le téléphone planqué sous son drap quand vient sa famille : «J’ai des vies à sauver.»
Ils connaissent les mers et les pays de transit comme leurs poches, même quand ils n’y ont jamais mis les pieds : les applications et leurs milliers de contacts par WhatsApp les mettent au cœur d’une toile dont ils connaissent le moindre fil, même quand celui-ci est coupé. Le virtuel, en eux, est au service du concret. Il y a quelque chose de sinistrement biblique (mais la Bible est pleine d’histoires sinistres) dans les épopées qu’ils suivent à distance et qu’ils évoquent pour cette journaliste engagée, sur la crête entre information et militantisme. Tels Moïse et son peuple, les migrants tentent par petits groupes, après avoir traversé le désert,
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