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L’administration Trump poursuit sans encombre sa vaste opération de démantèlement des acquis américains, cette fois en matière de protection de l’environnement. Le gouvernement des Etats-Unis a annoncé mercredi 12 mars au soir une trentaine de mesures afin de revenir sur les actions environnementales du précédent président démocrate, Joe Biden, qui visaient notamment à réduire les émissions des automobiles et des centrales à charbon.
Lee Zeldin, patron trumpiste de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), nommé en novembre par le président élu, a vanté la «journée de déréglementation la plus importante et la plus conséquente de l’histoire des Etats-Unis». Et promet, de «libérer l’énergie américaine» et de «revitaliser l’industrie automobile» de son pays.
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Parmi les mesures annoncées, le gouvernement américain entend notamment annuler une règle de 2024 exigeant des centrales à charbon qu’elles éliminent la quasi-totalité de leurs émissions de CO2, sous peine de fermeture, grâce aux technologies de captage de carbone, une pierre angulaire de la politique climatique de Joe Biden. Saluée par les organisations environnementales comme «une décision colossale», cette règle – qui concernait aussi les centrales à gaz devant être construites à l’avenir – devait s’appliquer à partir de 2032.
Le précédent gouvernement démocrate estimait qu’elle aurait permis d’empêcher l’émission de près de 1,4 milliard de tonnes de CO2 d’ici 2047, soit l’équivalent des émissions annuelles de 328 millions de voitures. «Les entreprises polluantes se réjouissent aujourd’hui car l’EPA de Trump vient de les autoriser à rejeter une pollution climatique illimitée, sans se soucier des conséquences», a réagi Charles Harper, de l’association environnementale Evergreen.
Climatosceptique notoire, Donald Trump qualifie régulièrement «d’arnaque» la transition énergétique. Son gouvernement a licencié des centaines d’employés de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, qui joue un rôle de premier plan dans la recherche sur le climat aux Etats-Unis. Des licenciements massifs sont également attendus à l’EPA, dont le budget devrait être réduit de 65 %.
L’agence a dit mercredi sa volonté de revenir sur des normes concernant les émissions polluantes des automobiles qui devaient entrer en vigueur en 2027, et que Donald Trump avait critiquées. Elle compte par ailleurs redéfinir le périmètre de la loi sur les eaux propres (Clean Water Act), qui interdit de déverser des polluants dans les «eaux navigables des Etats-Unis», sous peine d’amende.
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L’agence estime que l’administration de Joe Biden n’a pas tenu compte d’une décision de 2023 de la Cour suprême, selon laquelle seules les «masses d’eau relativement permanentes, stagnantes ou à écoulement continu», comme les ruisseaux, les fleuves, les lacs et les océans, devaient être protégées par cette loi.
L’association environnementale Earthjustice a averti que cela excluait des millions d’hectares de zones humides, des écosystèmes vitaux qui filtrent l’eau et constituent une protection contre les inondations, ainsi que des millions de kilomètres de petits cours d’eau qui fournissent notamment de l’eau potable.
Le trumpiste Lee Zeldin a également confirmé la décision de fermer des services chargés des missions de justice environnementale au sein de l’agence, mettant fin à des décennies d’efforts fédéraux pour lutter contre la pollution affectant les populations défavorisées à travers les Etats-Unis. «Le président Trump souhaite que nous aidions à inaugurer un âge d’or en Amérique pour tous les Américains, indépendamment de leur race, de leur sexe, de leur origine», a justifié Lee Zeldin aux journalistes.
Pour Matthew Tejada, de l’ONG Natural Resources Defense Council, «l’EPA de Trump nous ramène à une époque de pollution sans entrave dans le pays, exposant chaque Américain à des produits chimiques toxiques, à de l’air sale et à de l’eau contaminée».
En parallèle de cette sinistre entreprise, le président des îles Palaos, dans le Pacifique, a adressé une invitation à Donald Trump. «Je pense que ce serait bien que nous allions faire du snorkeling et regarder ce qu’il se passe» afin qu’il comprenne «la mort lente» qu’engendre la crise climatique, a déclaré Surangel Whipps Junior. Les îles Palaos, archipel d’environ 340 îles situées à l’est des Philippines, sont extrêmement vulnérables à la montée des eaux. Surangel Whipps a tenu à rappeler : «Tout le monde semble se préoccuper de son propre portefeuille, de sa propre population, de ce qui est le mieux pour elle. Mais même les Etats-Unis comptent de nombreuses zones de basse altitude» susceptibles d’être englouties par l’océan.
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