"L’Annonciation" de Johann Friedrich Overbeck : la Madone bientôt aux enchères

“L’Annonciation” de Johann Friedrich Overbeck : la Madone bientôt aux enchères

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En 1809, une poignée d’étudiants germaniques à l’Académie de Vienne, opposés à l’esthétique néoclassique théorisée par Winckelmann dont se revendique la vénérable institution, fondent la confrérie de Saint-Luc. Parmi eux, l’Allemand Johann Friedrich Overbeck, 20 ans, cherche vainement sur sa palette les “christs” et les “madones” qui hantent son imagination. En mal d’idéal noble, lui et ses comparses entendent régénérer la peinture par la religion. Protestants, ces admirateurs des primitifs italiens se convertissent au catholicisme et s’installent à Rome dans un monastère désaffecté sur le Monte Pincio, où les rejoignent bientôt d’autres adeptes issus de pays germaniques. Leurs contemporains les rebaptisent “Nazaréens”, en référence à Nazareth et aux premiers chrétiens, moquant leur mode de vie monacal : vêtus à la façon des personnages bibliques représentés par le Pérugin, Fra Angelico ou Raphaël à ses débuts, ils s’appellent “frères” entre eux, chacun vivant et travaillant dans une cellule de moine.

En redonnant leurs lettres de noblesse à la peinture monumentale, les Nazaréens rencontrent un véritable succès auprès de l’aristocratie roamine. Ils sont appelés à décorer le palais du consul général de Prusse Jakob Salomon Bartholdy puis le pavillon de chasse du prince Francesco Massimo. A partir de 1818, la plupart des membres de la bande, dont la notoriété a traversé les frontières, regagnent l’Allemagne pour y prendre la direction d’écoles d’art, tandis qu’Overbeck choisit de rester sur les rives du Tibre. Il y peint notamment les deux manifestes de la confrérie, Italia et Germania (1811-1929), aujourd’hui conservé à Munich, et Le Triomphe de la Religion dans les Arts, gardé à Francfort.

Un événement rare

Il en est ainsi des œuvres nazaréennes, quasi absentes du marché de l’art, puisque réalisées sur fresques ou tombées dans le giron de musées d’outre-Rhin. C’est dire que la découverte de L’Annonciation et sa mise en vente le 27 mars (à 14 heures) chez Tajan, à Paris, constitue un événement rare. Achevée par Overbeck en 1820 et destinée au président de tribunal de Rostock, Friedrich Fromm, la toile n’avait jamais quitté la famille de son commanditaire, chez laquelle elle fut longtemps conservée au côté des Trois Marie au tombeau de Peter von Cornelius, avec lesquelles elle présente une évidente parenté.

Johann Friedrich Overbeck,
Johann Friedrich Overbeck, “L’Annonciation”, 1820.

Jusqu’à présent, L’Annonciation n’était connue que par trois études graphiques – un carton préparatoire, un dessin à la pierre noire et une aquarelle – qui permettent aujourd’hui de suivre le long processus créatif de l’auteur en traquant les repentirs et les ajouts sur le tableau final, lequel mêle avec brio des éléments gothiques et Renaissance, inspirés des maîtres de la Botte (Giotto, Duccio) et de l’école flamande (Van Eyck). La scène religieuse s’y déroule au premier plan, dans une loggia fermée par une colonnade ornée de chapiteaux corinthiens. Overbeck peint une Vierge au visage incliné, calqué sur celui de sa Madone devant le mur de 1811, et un archange Gabriel portant une branche de lys, symbole de pureté. Dans le ciel, une discrète colombe se devine au-dessus de Joseph, figuré en jardinier au deuxième plan. Au loin, un paysage de montagnes surgies des eaux est bordé d’édifices moyenâgeux. Le tout forme une composition harmonieuse, traversée par une lumière douce, cristalline, caractéristique du Quattrocento. Reste à savoir qui sera l’acquéreur de cette Annonciation inédite estimée entre 100 000 et 150 000 euros.

L’Express

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