L’Ukraine affirme que des soldats nord-coréens ont été déployés en Russie, dans la région de Koursk

Kyiv assure ce jeudi 24 octobre que la Corée du Nord déploie des troupes pour aider la Russie. Les Occidentaux craignent que leur participation aux combats n’entraîne une escalade majeure dans la guerre.

L’envoi de soldats de Corée du Nord aux côtés de la Russie sur le front de la guerre en Ukraine se précise. Kyiv affirme ce jeudi 24 octobre que des troupes nord-coréennes ont été déployés dans la région russe de Koursk, où les troupes ukrainiennes contrôlent des centaines de kilomètres carrés. «Les premières unités de l’armée de la Corée du Nord, qui ont été formées sur des terrains d’entraînement de l’est de la Russie, sont déjà arrivées dans la zone de combat» entre l’Ukraine et la Russie, assurent les services ukrainiens de renseignement militaire (GUR) dans un communiqué. «Leur apparition a été enregistrée dans la région [russe] de Koursk» le 23 octobre.

Lorsqu’il est interrogé sur le sujet, Vladimir Poutine préfère ironiser et balayer la question. «L’imagerie est une chose sérieuse, s’il y a des images [sur le déploiement de forces nord-coréennes en Russie], c’est qu’elles reflètent quelque chose…» Rappelons qu’il a entrepris depuis 2022 un rapprochement diplomatique et militaire accéléré avec son homologue nord-coréen Kim Jong Un. «Nous n’avons jamais douté que les Nord-Coréens prennent nos accords [de coopération] au sérieux.» Référence au «traité sur le partenariat stratégique global» entre la Russie et la Corée du Nord, dont la ratification a été votée plus tôt dans la journée par les députés russes. Signé le 19 juin lors d’une visite de Poutine à Pyongyang, il entérine une assistance mutuelle en cas d’agression armée de la part d’un pays tiers. «Ce sont nos affaires», a encore appuyé le président russe au moment d’évoquer l’article 4 du traité, qui prévoit «une aide militaire immédiate» en cas d’agression armée de pays tiers.

La Corée du Sud ne restera pas «les bras croisés»

Le texte doit être examiné le 6 novembre par la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, avant d’être signé, sans aucun doute, par Vladimir Poutine. Appelant à la mise en place d’«un système international multipolaire», ce traité prévoit aussi «des efforts en vue d’une croissance des échanges commerciaux» et de «minimiser l’impact» de sanctions économiques pouvant être introduites par des pays tiers.

Le renforcement de la coopération entre Russie et Corée du Nord fait aussi réagir de l’autre côté de la frontière coréenne. Plus tôt jeudi, le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, avait prévenu que son pays ne resterait «pas les bras croisés» si des troupes nord-coréennes étaient envoyées sur le sol russe. Jusqu’à se dire prêt à étudier «avec plus de souplesse» la possibilité de fournir des armes à l’Ukraine, «en fonction des actions des forces nord-coréennes».

De son côté, la Corée du Nord nie fournir à la Russie des forces fraîches pour son assaut contre l’Ukraine. «Rumeur sans fondement», a évacué un représentant de Pyongyang à l’ONU. Pourtant, selon un porte-parole de la Maison Blanche, «entre le début et la mi-octobre, la Corée du Nord a déplacé au moins 3 000 soldats» dans l’est de la Russie, ce qui confirme des informations initialement fournies par Séoul. Washington avait toutefois admis ignorer s’ils allaient combattre aux côtés de l’armée russe, tout en estimant qu’il s’agissait d’une «possibilité très inquiétante». Si tel est le cas, ces soldats seront des «cibles militaires légitimes», avait prévenu le porte-parole américain.

Les renseignements sud-coréens ont assuré la semaine dernière que la Corée du Nord avait décidé d’envoyer jusqu’à 12 000 soldats pour aider la Russie. Ces derniers mois, Pyongyang avait déjà été accusé par les Occidentaux de fournir quantité d’obus et de missiles à l’armée russe.