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Personne n’a encore claqué la porte – hormis Force ouvrière, dès la première séance. Mais dimanche, la moutarde est tout de même sacrément montée au nez des syndicats participant depuis trois semaines au conclave sur les retraites, qui devait être «sans totem ni tabou», avait dit François Bayrou, son initiateur. Pas même sur l’age de départ. Pourquoi donc le Premier ministre a-t-il, au détour d’une interview télé, brandi le tabou d’un retour aux 62 ans comme âge légal de départ à la retraite ? Sans doute pour répondre à la pression venue de son propre camp, et notamment d’Edouard Philippe, qui avait jugé «hors sol» la discussion entre syndicats et patronat. Voire d’Emmanuel Macron, concentré sur l’effort de défense qui rend plus critique encore la situation budgétaire. D’autant plus critique que le Président balaie toute augmentation d’impôt.
Au-delà de la délicate question du financement du système des retraites par répartition, ce nouvel épisode pose la question de la valeur de la parole politique. Pourquoi avoir promis un débat «sans totem ni tabou», pourquoi avoir, les yeux dans les yeux, promis que ce conclave était une manière de remettre le dialogue social au milieu du village politique, pourquoi dire comme Elisabeth Borne qu’on a «toujours raison de faire confiance aux partenaires sociaux», si, en réalité, ces phrases n’ont aucune valeur… Bien sûr, Jean-Luc Mélenchon, qui peut remercier François Bayrou, se léchera les babines en se disant : «Bande de naïfs, on vous l’avait bien dit, ce conclave était une duperie.»
Bien sûr, bien sûr… Sauf que personne n’a rien à gagner au fait que le baratin des uns nourrisse la radicalité des autres. Il suffit de participer à une discussion en famille ou entre amis, de se balader et d’écouter les conversations sur un marché pour s’inquiéter du désamour politique que les uns et les autres alimentent. Les conditions d’adoption de cette réforme que les Français ont toujours rejetée (que ce soit en manifestant ou dans les enquêtes d’opinion) avaient contribué à nourrir ce fossé mortifère. L’insincérité sur le sens de ce conclave risque de poursuivre ce travail de sape démocratique. Tout l’inverse de ce dont on a besoin.
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